Quai d'Orsay


Quai d'Orsay
Réalisateur :
Bertrand Tavernier
Pays d'origine :
FR
Titre original :
Durée :
1h53
Année :
2012
Date de sortie nationale :
Genre :
CO
Casting :
Thierry Lhermitte, Raphaël Personnaz, Niels Arestrup…
Synopsis :
Reportage photos lors de l'avant-première à Rennes : Cliquez ici

Alexandre Taillard de Vorms est grand, magnifique, un homme plein de panache qui plait aux femmes et est accessoirement ministre des Affaires Étrangères du pays des Lumières : la France. Sa crinière argentée posée sur son corps d’athlète légèrement halé est partout, de la tribune des Nations Unies à New-York jusque dans la poudrière de l’Oubanga. Là, il y apostrophe les puissants et invoque les plus grands esprits afin de ramener la paix, calmer les nerveux de la gâchette et justifier son aura de futur prix Nobel de la paix cosmique. Alexandre Taillard de Vorms est un esprit puissant, guerroyant avec l’appui de la Sainte Trinité des concepts diplomatiques : légitimité, lucidité et efficacité. Il y pourfend les néoconservateurs américains, les russes corrompus et les chinois cupides. Le monde a beau ne pas mériter la grandeur d’âme de la France, son art se sent à l’étroit enfermé dans l’hexagone. Le jeune Arthur Vlaminck, jeune diplômé de l’ENA, est embauché en tant que chargé du “langage” au ministère des Affaires Étrangères. En clair, il doit écrire les discours du ministre ! Mais encore faut-il apprendre à composer avec la susceptibilité et l’entourage du prince, se faire une place entre le directeur de cabinet et les conseillers qui gravitent dans un Quai d’Orsay où le stress, l’ambition et les coups fourrés ne sont pas rares... Alors qu’il entrevoit le destin du monde, il est menacé par l’inertie des technocrates.
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par Coraline Lafon

Entre les portes qui claquent, les dossiers qui volent, les conflits qui explosent et les fous rires nerveux, loin des médias et des caméras, on découvre l’envers d’un décor trop peu connu. C’est d’ailleurs ce que cherchait à faire Bertrand Tavernier : « je voulais faire un film sur les gens qui gravitent autour du ministre, ces personnes dévouées, compétentes, qui travaillent dans des conditions inimaginables, ces personnes dans l’ombre et qui n’intéressent pas les médias mais qui font pourtant une grande partie du travail de ceux qui sont dans la lumière » nous expliquait le réalisateur mardi dernier, lors de l’avant première de « Quai d’Orsay » au Gaumont. Un objectif atteint, donc, puisque durant les 113 minutes de film on partage le stress et l’urgence des protagonistes en huis clos. Mais malgré la dimension un peu fatigante de ce film, accentuée par un montage rapide et dynamique, on a toujours ce même sentiment de convivialité, de bonne ambiance entre les conseillers et même avec le ministre.

Certaines scènes, pleine d’humour, détendent l’atmosphère et donnent une dimension très humaine à tout cet immense désordre administratif. C’est sans doute lié à une ambiance similaire sur le plateau : « le film a été tourné monté et réalisé dans un climat de bonheur absolu » nous a avoué Bertrand Tavernier. Julie Gayet, présente également dans la salle, a rajouté qu’elle avait vécu le tournage comme une belle expérience et un vrai esprit d’équipe.

L’autre intérêt de ce film, c’est qu’il est la version cinématographique d’une bande dessinée créée par Christophe Blain et Abel Lanzac et sortie en 2010. BD qui a visiblement eu beaucoup de succès auprès des principaux concernés : les travailleurs de l’ombre des ministères ! Les spectateurs présents lors de l’avant-première ont été unanime : le film de Bertrand Tavernier respecte parfaitement l’ambiance, les décors, les personnages de la BD. Comme on le disait plus haut, le montage dans le film est rapide et dynamique et correspond en fait au rythme et à la structure des cases dans une bande dessinée.

Bref, ce long métrage est une belle opportunité de découvrir l’envers du décor d’une partie de notre histoire politique : celle qui met en lumière le parcours d’un homme, Dominique de Villepin, un ministre qui avait à la fois une vraie vision de la France et un comportement hallucinant. Ce même ministre qui déclara le 14 février 2003, l’un des discours diplomatiques les plus forts de ces 20 dernières années, le seul applaudi à l’ONU.

Coraline Lafon