Le troisième volet de la saga "Avatar" à découvrir en HFR (High Frame Rate) à 48 images par seconde pour une qualité visuelle inégalée (le standard étant 24 images par seconde).
Après avoir exploré la forêt luxuriante dans Avatar 1 et les océans dans Avatar 2 : La Voie de l’Eau, Avatar 3 : Feu et Cendres s’aventurera dans des paysages volcaniques à couper le souffle. Le film introduira une nouvelle tribu Na’vi, surnommée le peuple des cendres, vivant à proximité d’un volcan actif. Ces Na’vi, bien plus belliqueux que les clans vus jusqu’à présent, représenteront un défi de taille pour Jake Sully et sa famille. Selon James Cameron, cette tribu apportera une nouvelle dynamique à l’univers de Pandora, en incarnant une force conflictuelle influencée par un environnement extrême.
sorti le 17/12/2025
Alors que trois ans se sont écoulés depuis la sortie du deuxième volet, cette suite reprend directement après pour la famille Sully, en deuil du fils aîné. Contrairement à ce qui était annoncé par James Cameron, ce film sonne donc davantage comme un 2.5 que comme la conclusion d’une trilogie. Tournés à la suite, les deux derniers volets sont à la pointe dans un domaine : les effets spéciaux. Encore extraordinairement réalistes, notre cerveau oublie très vite la technique au profit de l’immersion dans ce monde virtuel si palpable pour nos yeux émerveillés.
Si la scène d’ouverture reprend les codes d’un flashback pour mieux nous surprendre par la logique interne du fonctionnement de Pandora, des dialogues ponctués d’innombrables « Bro ! » viennent ruiner cette replongée dans ce monde alien. Cette séquence est symptomatique d’un grand problème du film : des effets techniques magistraux au service d’une histoire banale et de choix de mise en scène pas toujours bien pensés. Si la motion capture rend les expressions des acteurs à merveille, ce travail est régulièrement gâché par la diminution du nombre d’images par seconde dans les scènes plus intimistes. Déjà longuement expliqué dans le retour sur le deuxième opus, Cameron s’amuse toujours à faire des allers-retours dérangeants entre les images HFR ultra fluides pour profiter pleinement de la 3D et des plans en 24 images par seconde qu’il justifie par la sensation plus habituelle de cinéma qu’ils procureraient, omettant l’effet soudain de saccade d’un plan à l’autre.
Dès son élément déclencheur, l’intrigue effraie tant elle force les personnages à se déplacer artificiellement. Le problème des recharges d’oxygène force en deux scènes non seulement toute la famille à bouger mais aussi Quaritch. Bien que le personnage soit le plus complexe et intéressant du film, sa hiérarchie ne devrait jamais l’autoriser à poursuivre une mission qu’il a déjà ratée dans le film précédent alors que des millions avaient été dépensés pour rien. Il aurait pourtant été très simple de faire commencer son intrigue un peu plus tard, lorsque Spider devient un élément crucial pour l’espèce humaine, ce qui justifierait bien plus l’enjeu global de ce nouveau film.
En dehors du développement toujours étrange des arcs des personnages comme le racisme grandissant de Neytiri ou la soudaine poussée d’humanité (voire de romantisme rétroactif) chez Quaritch, la structure du récit n’est pas une simple déclinaison du film original. Ainsi, bien que la narration se repose encore sur la même dynamique que le deuxième film (un membre de la famille est capturé, les autres doivent le secourir), ce nouvel opus monte les enjeux d’un cran en rendant la menace des humains tangibles plus seulement pour les Tulkuns mais bien pour tous les Na’vis et surtout pour la famille Sully.
En plus de se répéter narrativement, les situations font tout de même fortement écho aux visuels du deuxième film mixés avec des bouts du premier. Focalisé sur ses personnages principaux, Cameron a par exemple toujours du mal à rendre compte de l’ampleur des armées qui s’affrontent dans ses climax. S’il gère parfaitement leurs interactions avec des décors en mouvement (des bateaux qui coulent aux vaisseaux qui explosent ou se désintègrent), les protagonistes sont trop rarement confrontés à des ennemis. Cette focalisation efface les personnages secondaires mais surtout un point de vue plus large qui montrerait l’évolution globale du conflit. Véritable maestro en la matière, Peter Jackson insistait sur l’importance de ne jamais abandonner ses héros pendant plus de quelques plans lors d’une bataille ; toutefois il savait aussi l’importance des plans d’ensemble et des mouvements de foule pour rendre impressionnants ses combats en Terre du milieu.
Au sein d’un univers bien propre et kidfriendly à la Disney, Cameron réussit tout de même à instaurer les Mangkwan, un clan aux coutumes violentes (sacrifice, mutilation, domination, drogue), en restant naturellement tout public. Pendant l’espace d’une rencontre, la mise en scène devient alors moins sage, entre des plans qui adoptent directement le point de vue de Quaritch, déformant les couleurs et les distances par une focale très courte (fish-eye), et la séquence de débarquement de l’armée dans le camp de cendre, filmée en contrejour face aux lumières aveuglantes des vaisseaux avec pour seul élément sonore, la musique soudain électronique, montrant l’aliénation des Mangkwan, décuplée par leur quête d’armes à l’encontre d’Eywa. Après ce sursaut de créativité, Cameron ne laisse cependant pas à cette nouvelle tribu le temps de briller comme il l’avait fait avec tant d’admiration pour les Omatikaya.
En dehors de la scène de rencontre entre Quaritch et Varang et de celle du miracle de Kiri, la bande originale de Simon Franglen accompagne timidement l’action sans construire de thème ou jouer sur des sonorités marquantes. Après The Weeknd pour le deuxième volet, c’est au tour de Miley Cyrus d’arracher le spectateur à l’univers de Pandora dès la première note du générique de fin. Dans l’attente des résultats de ce troisième film pour enclencher la production des quatrième et cinquième volets, il serait peut-être temps pour James Cameron de sortir de Pandora pour rechercher une inspiration nouvelle, et ne pas laisser Avatar réduire sa créativité au feu et aux cendres.
Gwendal Ollivier