Dans un futur proche, Paris a été divisé en 3 zones qui séparent les classes sociales et où l’intelligence artificielle ALMA a révolutionné le travail de la police. Jusqu’à ce que son inventeur soit assassiné et que Salia et Zem, deux policiers que tout oppose, soient forcés à collaborer pour mener l’enquête.
sorti le 15/10/2025
On prend les mêmes et on recommence ? Adèle Exarchopoulos et Gilles Lellouche rempilent pour jouer sous la direction de Cédric Jimenez, après le controversé BAC Nord qui, en dépit de sa mise en scène grandiose, avait fait couler beaucoup d’encre pour son regard posé sur les Quartiers Nord de Marseille. Prenant cette fois place dans un futur proche, Paris a été divisé en trois zones qui séparent les classes sociales et où l'intelligence artificielle ALMA a révolutionné le travail de la police. Alors que son inventeur est assassiné, Salia et Zem, deux policiers que tout oppose, sont forcés à collaborer pour mener l'enquête.
Habitué aux histoires librement adaptées de faits réels, Jimenez tourne pour la première fois un film de genre, adaptation à nouveau très libre d’un roman dystopique de Laurent Gaudé. Entre le film policier et le film de science-fiction, le réalisateur applique les codes de mise en scène et l’esthétique globale de ses deux précédents métrages pour rendre l’enquête immersive et effrénée. Fidèle compositeur de Jimenez depuis son deuxième film, Guillaume Roussel ressort le synthétiseur, l’orchestre et le chœur pour une composition aux allures de Zimmer, entre ambiances planantes, rythmiques d’action et crescendos épiques.
Ce rythme intense dès l’ouverture fait néanmoins défaut au développement des personnages. Alors qu’Artus a le droit à deux scènes pour prouver qu’il n’est pas qu’un acteur de comédie et Louis Garrel n’a guère plus pour construire un personnage de résistant au visage fermé et clonable à l’infini, ce sont surtout Adèle Exarchopoulos et Gilles Lellouche qui occupent le plus de temps d’écran. Trop connues pour le bien du scénario, les deux têtes d’affiche souvent fourrées ensemble peinent à faire croire à leurs personnages qui d’abord se méprisent pour finir, soudain, par étrangement s’apprécier.
En dépit d’une réalisation toujours aussi irréprochable, l’écriture parisiano-centrée rend la trame du film bancale. Si la division de Paris en trois zones est facilement imaginable et plutôt bien exploitée, difficile de comprendre pourquoi les Parisiens ne fuient pas tous la capitale pour la campagne qui paraît paisible, loin du contrôle d’ALMA. Ce manque de recul sur le reste de la France rend le jeu télévisé Destiny aberrant tant le rêve qu’il promet ressemble davantage à un cauchemar. Au sein de ce Paris sous surveillance policière, le retournement narratif majeur de l’enquête donne tout de même un nouveau souffle à l’action et fait enfin craindre pour la vie des personnages avant de s’échouer dans un dénouement décevant.
[SPOILERS]
Ainsi, le soulèvement final du peuple contre ALMA ne paraît pas mérité car le film n’a pas pris le temps de montrer la population en dehors d’une scène d’arrestation en début de métrage et de celle de la boîte de nuit, toutefois magnifique dans sa direction artistique. En plus d’être simpliste dans son déroulé, cette fin est idéologiquement très molle puisqu’elle dédouane totalement l’implication du gouvernement qui, malgré sa politique autoritaire et discriminatoire, se place comme victime de la méchante IA. Aussi confus que ce message révolutionnaire mal construit, le film ne laisse aucun indice quant au mystérieux Chien 51.
Gwendal Ollivier