Le Roi Soleil

Après avoir reçu le César du meilleur premier film pour Les Magnétiques, Vincent Maël Cardona revient avec un second long métrage étonnant. À l’aube, au Roi Soleil, bar-PMU à Versailles, un homme est tué après avoir gagné un ticket de loto de près de 300 millions d'euros. En s'arrangeant un peu avec la réalité et leur conscience, les témoins du drame vont commencer à élaborer le meilleur scénario pour repartir avec l'argent.

Par un jeu sur les points de vue et la temporalité (marquée par des dialogues clés), le réalisateur s'amuse à mettre en scène les mises en scène imaginées par les protagonistes pour réécrire la vérité. Cette mise en abîme de la construction de l’intrigue d’un film apporte une fraîcheur au genre. Baignant dans les lumières chaudes de la nuit, l'étalonnage fait paradoxalement ressortir les tons verdâtres de l'image afin d’accentuer la saleté du bar mais aussi celle de la moralité des personnages.

Soutenu par un casting solide, les protagonistes conservent une part de mystère mais se retrouvent tous testés éthiquement face à la question de l'argent ; exception faite de la propriétaire. Si sa visite permet de relancer la tension, son insistance paraît rapidement forcée dans un scénario qui aurait pourtant gagné à la faire sortir du bar pour montrer qu'une issue était possible. Malgré un léger essoufflement dans sa seconde moitié, le film enferme adroitement le spectateur avec sa galerie de personnages au sein du Roi Soleil.

Gwendal Ollivier