sorti le 23/07/2025
37ème film du Marvel Cinematic Universe, ce nouvel opus ouvre la phase 6 sur une note rafraîchissante. Se déroulant dans l’univers parallèle de la Terre-828 (en hommage à la date de naissance de Jack Kirby, créateur de l’équipe dans les comics Marvel), ce film peut se regarder sans être à jour sur la continuité du reste du MCU qui se déroule sur la Terre-616. Dans les années 1960 d’un New York alternatif aux allures rétrofuturiste, la première famille de super-héros des comics Marvel fait face à l'arrivée de la Silver Surfer qui annonce la venue de son maître Galactus, le dévoreur de Mondes.
Portée par trois fois sur grand écran par la 20th Century Fox, cette équipe pourtant si chère à Marvel semblait maudite au cinéma ; heureusement, le quatrième film s’avère enfin le bon ! De retour à la réalisation après la première série du MCU, WandaVision, Matt Shakman prolonge son travail esthétique de reconstitution d’époques mais insuffle une modernité singulière à ce monde qui a évolué sous l’influence d’une unique équipe de super-héros. En dehors d’une légère sensation de vallée de l’étrange sur bébé Franklin, les effets spéciaux sont quasi irréprochables notamment dans les choix de design à la fois fidèles aux comics et réalistes de Ben Grimm alias la Chose, de la Silver Surfer, de Galactus (absolument géant lors de sa première apparition mais hélas moins ensuite) et des rendus parfaitement maîtrisés des pouvoirs de Johnny, Sue et Reed.
Au centre du récit, Pedro Pascal et Vanessa Kirby interprètent à merveille le couple brillant formé par Reed Richards alias Mr Fantastic et Sue Storm alias Invisible Woman. Moins lourd que dans les deux premiers films, Johnny Storm conserve son côté dragueur, avec lequel l’acteur Joseph Quinn semble s’amuser, mais son intelligence ressort comme un atout majeur à l’image de sa sœur et évidemment de son beau-frère. De son côté, Ben Grimm souffre moins de sa déshumanisation que dans les précédentes adaptations puisqu’il ne subit pas de stigmatisation de la société et semble au contraire très apprécié y compris par les plus jeunes.
Habilement résumée par une introduction d’une efficacité remarquable, l’histoire des quatre astronautes qui ont acquis des pouvoirs lors d’un accident spatial permet de montrer leur réception par le public et leur influence sur l’ensemble de la planète, des enfants dans les cours d’école aux dirigeants des pays du monde, tous rassemblés par Susan Storm au sein de sa Future Foundation. Au-delà de leurs pouvoirs cosmiques, le réalisateur prend le temps de présenter les nombreuses forces de ces quatre personnages tout en disséminant les éléments qui serviront à la résolution.
En tant que seuls protecteurs de cet univers, les héros ont un poids bien plus important sur les épaules que dans les dernières productions super-héroïques dans lesquelles l’abondance de connexions amoindrit toujours plus la place des protagonistes éponymes (défaut qu’on retrouve d’ailleurs dès le premier film du DCU de Gunn). Ainsi, alors que toute la charge dramatique repose sur quatre héros, le dilemme posé par Galactus ternit leur image publique et oblige chacun à redoubler d’efforts pour trouver toutes les solutions afin d’empêcher ce que la Silver Surfer a annoncé.
Après l’excellente bande originale de Doctor Strange et ses clavecins iconiques et les agréables thèmes alliant feel good et héroïque de la trilogie Spider-Man avec Tom Holland, Michael Giacchino signe une nouvelle composition remarquable pour le MCU. Pas aussi appuyé que dans les bandes annonces, le thème rétro où un chœur reprend le titre du film est étonnamment contrasté par des percussions numériques qui soulignent joliment l’aspect futuriste au sein du rétro rendu par une composition orchestrale classique.
Malgré un box-office décevant pour le très bon Thunderbolts*, Marvel Studios semble enfin avoir renoué avec de bonnes formules pour construire des héros forts et iconiques, et ainsi porter des histoires prenantes qui assument pleinement l’émotion, sans humour pour tout désamorcer. Annoncés comme essentiels à l’intrigue d’Avengers Doomsday, il faudra désormais prendre son mal en patience avant de découvrir ce qui suivra ces premiers pas des Quatre Fantastiques.
Gwendal Ollivier