sorti le 04/07/2025
Nouveau point de départ de cette saga trentenaire, ce nouveau film rafraîchit le casting et balaie ce qu’ont construit les deux derniers opus pour retourner sur une île affronter du dinosaure. Sept ans après la destruction d'Isla Nublar, les dinosaures, inadaptés à la flore et à la faune contemporaines, commencent à disparaître de la surface de la Terre. Une experte, Zora Bennett, est engagée pour mener une mission secrète. Son équipe doit récupérer l'ADN des trois plus grands dinosaures du monde regroupés sur la même île isolée. Zora et son équipe vont croiser Reuben Delgado et ses enfants, dont le bateau a chaviré. Tous vont se retrouver sur la même île renfermant le tout premier laboratoire de John Hammond où a été créée une espèce mutante jamais révélée à l’humanité jusqu’à aujourd’hui.
Séparé de seulement 3 ans du précédent, ce septième opus de la franchise a cependant un atout à la réalisation : Gareth Edwards. Dès ses débuts sur Monsters en tant que réalisateur, scénariste, directeur de la photographie et des effets visuels, Gareth Edwards a démontré son talent évident pour mettre en forme des créatures étranges et surtout pour filmer le grandiose. Après le monstre japonais destructeur de villes Godzilla en 2014, le réalisateur britannique se charge de Rogue One : A Star Wars Story, où ses grands angles et son découpage millimétré rendent compte de toute la démesure de l’Étoile de la mort, destructrice de planètes. Livrant le seul bon film de la franchise depuis le rachat de LucasFilm par Disney, il s’offre la possibilité de produire un film original à moyen budget. Si The Creator est sublime sur la forme, son scénario est ruiné par des personnages creux et archétypaux.
Dans la lignée de ce dernier, Gareth Edwards soigne la forme mais néglige le fond et les personnages. Alors que Dominion nous laissait sur des humains qui allaient devoir apprendre à vivre avec des dinosaures désormais hors du parc, ce nouvel opus oublie cette idée en montrant dès la scène d’ouverture, tristement intelligente, toute l’indifférence de l’homme face à une créature si noble à l’agonie. Pour revenir à l’essence du livre, David Koepp, scénariste des deux premiers films réalisés par Spielberg, achève l’idée d’un monde peuplé de dinosaures en les ramenant en région équatoriale, forçant l’intrigue à se dérouler sur une île semblable à toutes celles de la saga. Évoquant donc visuellement et narrativement le reste de la saga, le film ne cesse d’en puiser des éléments pour former un mashup informe, à l’image de son super-prédateur hybride entre un T-Rex, un Alien et un Rancor qui n’a au final qu’une incidence minime sur l’intrigue.
Majeure épine dans le pied du scénario, la famille increvable que l’équipe sauve de la noyade alourdit le rythme. À part offrir une rédemption vue et revue d’un beau-fils vis-à-vis de son beau-père et remettre une enfant au centre de l’intrigue comme tous les autres épisodes de la saga, tous ces segments sont inutiles et entachent même le film. En effet, le traitement du petit Aquilops (tellement mignon qu’on aurait envie de lui donner un petit nom et l’emmener dans son sac) va complètement à l'encontre du message originel du livre, à savoir l’impossibilité à contrôler la nature et la nécessité de ne pas chercher à le faire, très bien illustré par la scène d'ouverture du Monde Perdu qui voyait une petite fille se faire dévorer par d’autres petits dinosaures tous « mignons ».
Passé ces séquences sans enjeu puisqu’aucun des membres de la famille ne pourra mourir, le film se concentre sur une équipe un peu plus intéressante de mercenaires aguerris, qui pourtant meurent bien plus facilement, en quête de trois MacGuffins. En dépit de scènes d’exposition placées au forceps dans le montage pour essayer de donner de la profondeur aux personnages, Scarlett Johansson, Jonathan Bailey et Mahershala Ali construisent notre attachement par leur charisme et leur sympathie naturelle, entre les péripéties qui s’enchaînent une fois sur l’île, passée la meilleure scène d’action. Mise en avant dans les images de promo, la première traque en bateau fonctionne à merveille, retranscrivant à la fois la démesure et la puissance du Mosasaurus tout en plaçant constamment les personnages à deux doigts de la mort.
Après John Williams à l’œuvre sur les Jurassic Park, Michael Giacchino avait repris adroitement le flambeau pour la seconde trilogie. En plus du renouveau des acteurs, ce film change aussi de compositeur. Le français Alexandre Desplat livre une bande originale molle, entre compositions orchestrales d’ambiances et reprises timides au piano du thème iconique de Williams. Bon divertissement d’action, ce film n’apporte malheureusement rien à la saga. En simple exécutant de studio (au vu de son intervention tardive sur la préproduction), Gareth Edwards ne sauve pas le navire qui sombre dans la platitude, plaisant pour un néophyte de la franchise mais à mille lieues d’une renaissance de Jurassic World.
Gwendal Ollivier