sorti le 11/06/2025
Baignée dans le cinéma français depuis l’enfance par son père Jacques Doillon, Lola Doillon (réalisatrice notamment sur la série 10 pour cent) aborde avec son quatrième long métrage un trouble entouré d’a priori. Katia (Jehnny Beth) est une brillante documentaliste de 35 ans qui fait preuve d’originalité dans sa manière de vivre ses relations, toutes plus ou moins chaotiques. Sa participation à un reportage sur la prise en soin de l’autisme l'amène enfin à mettre un mot sur sa singularité. Cette révélation va chambouler ses relations amoureuses, familiales et professionnelles déjà bien compliquées.
César du meilleur espoir féminin pour son interprétation de la fille de Virginie Efira et de Niels Schneider dans Un amour impossible, Jehnny Beth joue enfin un rôle de premier plan. Renversante de justesse, l’actrice confère à son personnage une énergie ponctuée de tocs et retranscrit habilement sa difficulté à exprimer ce qu’elle ressent. Maladroitement soutenue par Thibaut Evrad, personnage du copain qui s’énerve au quart de tour et change sans cesse d’avis, par Mireille Perrier, mère dans le déni moteur de tension dramatique un peu facile, et par Philippe Le Gall, patron décomplexé, Jehnny Beth n’est pas aidée par le casting secondaire, à l’exception d’Irina Muluile dans le rôle plaisant de la collègue et amie.
Reprenant un gimmick de Cédric Klapisch, Lola Doillon ancre son personnage dans son quotidien en quelques images à travers un générique d’ouverture léché. Sans tomber dans les extrêmes d’une incapacité sociale complète ou d’un génie incompris, la réalisatrice caractérise son personnage et son trouble au sein d’une narration limpide. Démontant les clichés de l’autiste super-intelligent doté du syndrome du savant à la Rain Man (directement cité), le film constitue une porte d’entrée consciencieuse mais accessible pour comprendre les troubles du spectre autistique tout en livrant une histoire touchante sur le bouleversement du quotidien d’une femme qui comprend enfin pourquoi elle est différente.
Gwendal Ollivier