sorti le 27/06/2025
Malgré l’échec relatif du diptyque Les Trois Mousquetaires, Martin Bourboulon se voit à nouveau confier un gros budget pour adapter un livre cette fois bien plus récent. Kaboul, 15 août 2021, alors que les troupes américaines s'apprêtent à quitter le territoire, les Talibans prennent d'assaut la capitale et s'emparent du pouvoir. Au milieu du chaos, le commandant Mohamed Bida et ses hommes assurent la sécurité de l'ambassade de France, encore ouverte. Pris au piège, le commandant Bida décide de négocier avec les Talibans pour organiser un convoi de la dernière chance. Commence alors une course contre la montre pour fuir l'enfer de Kaboul.
Après son adaptation de Dumas, marquée par ses plans-séquences saccadés à chaque duel à l’épée, le réalisateur retrouve la fluidité de mise en scène qui rendait son film Eiffel visuellement flottant. Offrant de longs plans gracieux dans leurs mouvements amples, la caméra se balade dans les décors à hauteur de personnage mais apporte aussi un sentiment de grandiose à ces situations tendues. De même, la photographie rend justice à la richesse des couleurs et transmet bien la sensation de chaleur qui ajoute une couche à l’étouffement général des personnages.
Essentiel à la montée de la tension, le travail sur le son n’est pas non plus négligé. L’espace sonore laisse ainsi toujours ressentir la pression de la foule, la puissance d’un coup de feu, le tout soutenu par une musique discrète mais efficace. Enchaînant les gros projets, Guillaume Roussel livre de bonnes compositions orchestrales pour Martin Bourboulon mais pas aussi créatives et marquées de thèmes que celles qu’il compose pour Cédric Jimenez (BAC Nord, Novembre, etc.).
Si les premiers dialogues sonnent presque faux, la direction d’acteurs se ressaisit rapidement et l’histoire en devient tout de suite plus crédible. Au centre de l’intrigue le commandant Mohamed Bida (auteur du livre) est campé par Roschdy Zem, conjuguant intensité dramatique et physique d’action. Épaulé par une Lyna Khoudri très juste, le métrage se sert de ce personnage de civile fictive pour imager la terreur ambiante et illustrer en particulier la haine des Talibans envers les femmes. Bourboulon tire donc un thriller d'action haletant de la plus grande opération d'extraction menée par la France en seulement 13 jours, 13 nuits.
Gwendal Ollivier