Ethan Hunt et l'équipe du FMI se lancent dans une course contre la montre pour trouver l'Entité, une intelligence artificielle malveillante qui peut détruire l'humanité.
sorti le 21/05/2025
Camouflant son aspect de deuxième partie de Dead Reckoning par un remaniement du sous-titre et l’ajout de scènes, ce huitième opus reprend clairement l'intrigue du précédent tout en essayant de raccrocher les wagons avec l'ensemble de la saga. Quelques mois après la fin du septième volet, l’intelligence artificielle nommée l’Entité est désormais l’objet d’un culte et a pour projet de détruire l’humanité en prenant le contrôle de l’armada nucléaire des puissances du monde entier. Ethan Hunt et son équipe se lancent alors dans une course contre la montre pour trouver un moyen de piéger l'Entité et sauver l’humanité.
Moins nombreuses que dans les précédents films de Christopher McQuarrie, réalisateur depuis le 5e volet, l’action est essentiellement concentrée sur deux temps forts parfaitement maîtrisés. Jouant toutes deux avec la gravité d'un décor tournant, la scène du sous-marin et celle des deux avions construisent une réelle tension. Poussé dans ses retranchements physiques, Tom Cruise lutte difficilement contre ces décors rotatifs l'obligeant sans cesse à s’adapter à la gravité malgré la force du vent et de l’eau. Coincé à l'intérieur du sous-marin, le réalisateur a la bonne idée de faire toujours entrer de l'eau dans la pièce, non pas pour créer une tension autour d'une éventuelle noyade, mais plutôt pour indiquer visuellement l'orientation du sous-marin. Ces deux scènes, au cœur et au climax du métrage, justifient à elles seules le visionnage sur grand écran tant elles accrochent le spectateur à son siège.
Si les films de la saga sont construits autour de ces séquences d’actions toujours plus impressionnantes, l’enrobage pour les lier est toujours assez mince afin de ne pas s’attarder trop longtemps sur un scénario prétexte. Avec sa durée de près de 3h et ses deux scènes d’action uniques, ce film repose énormément sur des dialogues surexplicatifs pour construire ses enjeux. Conscient de l’écart de sortie avec la partie 1, les scénaristes rappellent tout l’enjeu de l’Entité. Dans une volonté de conclure la saga, des scènes évoquent aussi directement les films précédents, en particulier le 1er et le 3e volet, en citant beaucoup de plans ou en faisant revenir certains personnages. Toutefois, l'inconséquence du film sur le destin des personnages amoindrit l'impact de ces images propres à un dernier opus, comme si Tom Cruise laissait la porte ouverte pour un énième épisode.
Malgré un nombre bien trop élevé de scènes de dialogue, les relations entre les personnages n’évoluent pas. Côté anciens personnages, Luther (Ving Rhames) et Benji (Simon Pegg) apportent toujours une dynamique familiale plaisante. Côté nouveau personnage en revanche, l’ennemi de la partie 1 est relayé au second plan tandis que les scénaristes n’osent faire de Grace la nouvelle love-interest du héros alors même que la mise en scène sublime le charme d’Hayley Atwell. Mais c’est surtout le personnage de Paris (Pom Klementieff) qui se retrouve réduit à quelques punchlines en français, souvent ridicules aux oreilles d’un francophone. Bien que le réalisateur et l'acteur principal refusent de se positionner en interview par rapport à leur président actuel, le film livre une vision à l'opposé de Trump à la tête du pays, à savoir une femme noire (toujours incarnée par Angela Bassett) qui choisit de protéger les citoyens du monde au même titre que les siens.
Si la première heure peut paraître laborieuse entre rappel des enjeux et projections d’images des films précédents, la dynamique de la mission fonctionne et les scènes d’action impressionnent par leur réalisme. Soutenues par une musique efficace et un montage parallèle divisant bien les tâches à accomplir pour la réussite de la mission, l’énergie du climax prend magnifiquement. Difficile de croire pourtant au sort des personnages face à cette mission qui semble réellement impossible et qui aurait mérité un véritable sacrifice final pour empêcher ce jugement dernier.
Gwendal Ollivier