Nous, les Leroy

Au bord de la séparation, Christophe emmène sa femme et ses enfants dans un voyage à travers les souvenirs de la famille. Au cours ce road-trip familial pour ranimer la flamme éteinte d’un couple, le réalisateur dose avec justesse la part de clichés attendus par ce type de scénario très balisé pour donner lieu à une histoire entrainante. Entre situations comiques et dureté de leur réalité sentimentale inévitable, Florent Bernard place ses personnages au cœur du récit, suivant leur progression naturelle. Présenté par la succession de messages du répondeur, le couple est d’emblée introduit par ses failles grandissantes.

Aussi étonnant que cela puisse paraître, Charlotte Gainsbourg et José Garcia forment un couple qui fonctionne à merveille. N’ayant plus rien à prouver, les deux acteurs retranscrivent habilement l’alchimie entre deux personnes qui se connaissent par cœur et tiennent l’un à l’autre mais dont les sentiments se sont taris. À leur côté, les jeunes Lily Aubry et Hadrien Heaulmé ne palissent pas par leurs interprétations d’ados avec des problèmes d’ado. Véritable ciment de la famille, les enfants sont écrits avec justesse, piquants quand il faut, gênés parfois, mais surtout en quête suggestive de l’attention de leurs parents.

Ne cachant pas ses premiers pas cinématographiques, le réalisateur Florent Bernard, aussi connu en tant que FloBer, invite plusieurs membres de Golden Moustache à des caméos bienvenus. On retrouve ainsi Jérôme Niels en Tanguy sanguin, Justine Le Potier en cliente pas très futée, Adrien Ménielle en serveur extravagant et Simon Astier en gendarme bienveillant. Mais l’expérience de YouTube se retrouve aussi dans la mise en scène du réalisateur qui monte ses plans avec une rapidité efficace, rappelant le rythme de certains sketchs du groupe d’humoristes. Ainsi, les dialogues se chevauchent, les paroles se noient en disputes et les mots importants doivent attendre le silence pour qu’enfin cette famille exprime ce qui les unis eux, les Leroy.

Gwendal Ollivier