Le Péril jeune (25ème anniversaire)

Premier grand succès de Cédric Klapisch, ce deuxième long métrage très prometteur contient déjà ce qui fera les ingrédients de chacun de ses films : un environnement et un contexte atypiques pour développer des personnages complexes et attachants. Toujours proche d’une réalité difficile mais nuancée par l’humour de ses personnages, Klapisch dépeint ici la jeunesse lycéenne de 1975, entre manifestations contre « le chômage », émancipation de la femme, découverte de la sexualité et de la drogue, et heures de cours laborieuses au lycée.

Côté casting, le temps met forcément en avant des acteurs par rapport à d’autres à la carrière moins glorieuse. Ainsi, on reconnait le tout jeune Vincent Elbaz dans les traits d’Alain ainsi que la jeune Élodie Bouchez qui aligne depuis quelques années d’excellents rôles, mais c’est surtout l’acteur principal, que tout le monde retiendra. Découvert à l’âge de 20 ans lors d’un casting sauvage, Romain Duris joue pour la première fois et s’en sort à merveille. Incarnant cet ado rebelle au sourire espiègle et provocateur, il traverse le métrage avec une aisance naturelle et un charisme déjà hypnotisant. L’acteur grandira par la suite énormément sous la caméra de Klapisch en enchainant avec son troisième film Chacun cherche son chat, puis avec la trilogie initiée par L’Auberge Espagnole ainsi que dans un rôle tout en subtilité dans Paris en 2008.

À l'occasion des 25 ans du film, cette version remasterisée 4k met en valeur le grain de la pellicule 16mm. Cette esthétique de vieux film de famille participe à dresser le portrait d’une époque révolutionnaire abordée par l’angle de ce groupe hétéroclite composé d’intello engagés comme de grandes gueules rebelles. Complètement rétro dans son visuel, sa bande originale excellente, ses décors et ses costumes mémorables, le film reste toujours d’actualité dans son portrait de la jeunesse dans ses premières prises de conscience politique, persuadée de pouvoir changer le monde par la force de sa voix. Rapidement devenu culte, ce film est peut-être encore plus amusant à découvrir ou redécouvrir rétrospectivement tant son réalisateur a réussi à capturer une époque à travers l’introspection des souvenirs de quatre personnages pour dépeindre avec brio le péril jeune.

Gwendal Ollivier