Second tour


Second tour
Réalisateur :
Albert Dupontel
Pays d'origine :
FR
Titre original :
Second tour
Durée :
1h35
Année :
2023
Date de sortie nationale :
25/10/2023
Genre :
CD
Casting :
Albert Dupontel, Cécile De France, Nicolas Marié…
Synopsis :
Journaliste politique en disgrâce placée à la rubrique football, Mlle Pove est sollicitée pour suivre l'entre-deux tours de la campagne présidentielle. Le favori est Pierre-Henry Mercier, héritier d'une puissante famille française et novice en politique. Troublée par ce candidat qu'elle a connu moins lisse, Mlle Pove se lance dans une enquête aussi étonnante que jubilatoire.
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sorti le 25/10/2023

Avec un titre ouvertement plus politique qu’Adieu les cons, le nouveau métrage d’Albert Dupontel a des airs de son prédécesseur. Une photographie et des plans similaires, un ton jonglant maladroitement entre comédie et drame familial, un contexte politique grossier, le réalisateur reproduit les qualités plastiques de son précédent métrage mais ne s’améliore pas dans l’écriture.

Lancé sur un meeting politique par le regard de journalistes acharnés mais peu conventionnels, le métrage dérive étrangement vers le drame familial. La suspension consentie de l’incrédulité est malheureusement mise à mal par l’abondance de facilités scénaristiques couplée au surjeu typique des comédies françaises face au contexte politique et à l’histoire familiale tragique. Cette absence de choix de tonalité affaiblissait déjà Adieu les cons, l’émotion se faisant engloutir par l’humour et les maladresses d’écritures. [SPOILERS] Inscrivant son histoire dans notre monde légèrement fantasmé, il est difficile de croire qu’un candidat puisse subir trois attaques en dix jours sur des lieux de campagne normalement très protégés. De même, difficile de croire qu’un tel citoyen puisse finir à l’Élysée et gouverner la France avec si peu de connaissances et d’aisance. [Fin des SPOILERS]

Si la créativité du réalisateur ne brille pas dans l’écriture, elle s’exprime en revanche pleinement dans la mise en scène. S’amusant avec la fluidité de sa caméra, Dupontel tournoie au-dessus d’un champ pour dépeindre le sujet d’une interview avant de révéler les journalistes cachés qui le filment. Au détour d’un plan, il adopte le point de vue d’un aigle pour exprimer le danger qui plane sur le candidat. Autre réminiscence de son précédent métrage, le plan sur le rétroviseur (alors filmé avec une double bonnette permettant de créer deux zones de nettetés) est ici filmé avec un travelling arrière en courte focale partant du rétroviseur en gros plan pour reculer à l’intérieur de la voiture jusqu’à la banquette arrière ; deux défis techniques impressionnants qui appuient l’importance de l’élément déclencheur.

Baignées dans une photographie orangée, la majorité des scènes semblent éclairées par un feu de cheminée. Soulignée dans le dialogue par la rédactrice en chef, les deux journalistes travaillent dans le noir, éclairés par la lumière de l’extérieur passant à travers les stores qui bariolent leur visage d’ombres horizontales. Cette image chaleureuse se marie élégamment avec les scènes de flashbacks granuleuses et les images métaphoriques tirées des rêves de la protagoniste incarnée par Cécile de France. [SPOILERS] De même, les astuces visuelles pour faire coexister les deux frères incarnés par Dupontel sont remarquables par leur invisibilité. À la recherche de ce membre de la famille perdu dès l’enfance, le film sonne définitivement trop comme son prédécesseur, et manque malheureusement le coche pour parfaire ce second tour.

Gwendal Ollivier