Marinette

Adaptation de l’autobiographie de l’une des plus grandes butteuses de France, intitulée Ne jamais rien lâcher, le deuxième film de Virginie Verrier est classique mais efficace. Centrée autour de la personnage éponyme, l’histoire s’étale sur plusieurs années, suivant sa progression dans le milieu du football féminin et révèle ainsi la lenteur des évolutions et le manque de reconnaissance évident des joueuses qui n’ont toujours pas le statut de joueuses professionnelles.

Parfaite pour interpréter une battante, Garance Marillier joue subtilement l’équilibre entre une adolescente sensible qui veut bien faire et la sportive guerrière qui ne lâche rien. Aux antipodes de son charme habituel, Alban Lenoir incarne quant à lui la figure extrême mais malheureusement crédible du père alcoolique qui bat sa femme. Cette figure se retrouve dans une des compagnes de sa fille, représentation beaucoup moins classique de violence conjugale d’une femme envers une autre. Importante pour la réalisatrice, cette question de l’attirance sexuelle est abordée avec beaucoup de pudeur et développée comme l’intrigue secondaire à la carrière professionnelle.

En termes de réalisation, la caméra parfois fixe, souvent portée avec stabilité, est proche des personnages. Virginie Verrier n’est pas tellement intéressée par le foot mais plutôt par sa personnage principale et ceux qui gravitent autour d’elle et change sa vie. Ainsi les matchs sont évités par l’instauration d’un gimmick : un discours d’encouragement dans le vestiaire, l’entrée sur le terrain puis directement un cut sur le vestiaire remplie de joueuses dépitées avec le score incrémenté sur le plan. Entre séquence d’entrainement et séquence d’amour, la bande originale de Jean-Fabien Dijoud apporte une énergie au métrage par ses airs électro. L’hommage à Rocky est préparé avec finesse par la musique avant même la montée des marches mythique et sans même reprendre le thème.

Par sa temporalité et ses voyages, cette histoire vraie pleine de rebondissements nous donne la sensation d’avoir vécu un véritable bout de vie en un temps record. Si la réalisatrice conclut par une victoire du côté de l’avancée des mentalités et des droits des personnes LGBTQ+, le constat n’est pas aussi rose du côté du football féminin. Souffrant encore de l’absence d’un statut de joueuse professionnelle, le film remet sur le devant de la scène le combat inachevé de Marinette.

Gwendal Ollivier