Indiana Jones et le Cadran de la Destinée


Indiana Jones et le Cadran de la Destinée
Réalisateur :
James Mangold
Pays d'origine :
US
Titre original :
Indiana Jones and the Dial of Destiny
Durée :
2h34
Année :
2023
Date de sortie nationale :
28/06/2023
Genre :
AV,AC
Casting :
Harrison Ford, Phoebe Waller-Bridge, Mads Mikkelsen, Boyd Holbrook, Antonio Banderas…
Synopsis :
1969. Après avoir passé plus de dix ans à enseigner au Hunter College de New York, l'estimé docteur Jones, professeur d'archéologie, est sur le point de prendre sa retraite et de couler des jours paisibles.

Tout bascule après la visite surprise de sa filleule Helena Shaw, qui est à la recherche d'un artefact rare que son père a confié à Indy des années auparavant : le fameux cadran d'Archimède, une relique qui aurait le pouvoir de localiser les fissures temporelles. En arnaqueuse accomplie, Helena vole l’objet et quitte précipitamment le pays afin de le vendre au plus offrant. Indy n'a d'autre choix que de se lancer à sa poursuite. Il ressort son fedora et son blouson de cuir pour une dernière virée…
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sorti le 28/06/2023

Bébé de George Lucas et de Steven Spielberg, l’aventurier au chapeau est cette fois confié au soin du talentueux James Mangold. Réalisateur des très bons Logan et Le Mans 66, Mangold reprend son travail du héros vieillissant de l’un et l’énergie des scènes de courses de voitures de l’autre. Mais Mangold ne parvient ni à reproduire l’adieu touchant à Wolverine ni la puissance des courses sur pistes.

En multipliant les péripéties, le métrage s’étire en longueur et ne prend pas le temps de se poser pour composer des cadres iconiques comme savait si bien le faire Spielberg, ni de faire monter la tension progressivement pour révéler une découverte grandiose sublimée par la musique. John Williams embauche pourtant une énième dernière fois pour livrer une réorchestration peu inspirée de l’ambiance de la saga. L’utilisation du thème principal dans des moments anodins révèle d’ailleurs l’absence totale de moment iconique du héros.

Du haut de ses 80 ans Harrison Ford montre qu’il en a encore sous le capot. S’il est aidé par le montage, la mise en scène dans son ensemble ne le met pas en valeur. Aussi anecdotique que la révélation du titre, sa première apparition cherche à impressionner le spectateur par un rajeunissement numérique (De-Aging) de l’acteur. Toutefois, ce visage numérique entre immédiatement dans la Vallée de l’étrange et ne cesse de trahir l’effet spécial au moindre mouvement de lèvre ou d’yeux imparfait. De même, la voix actuelle plus rauque de l’acteur détonne complètement avec son apparence rajeunie. La caractérisation du Professeur vieillissant ne le met pas non plus à son avantage. Se réveillant en sursaut dans un vieil appartement, il déambule en caleçon pour aller engueuler les jeunes voisins qui ont mis la musique trop forte.

Au contraire de la relation père-fils construite avec Mutt (Shia LaBeouf) dans le précédent volet (gentiment tué en hors champ par le scénario), Helena (Phoebe Waller-Bridge) refuse toute aide de son parrain. Malgré son arrogance et sa cupidité, elle lui vole la vedette en se plaçant comme le moteur central de l’intrigue. Contre ce duo de personnage, l’une antipathique, l’autre trop vieux pour ces aventures, Madds Mikkelsen campe un nazi trop élégant et réfléchi. Alors que les grands méchants des précédents volets succombaient toujours face aux pouvoirs magiques de l’objet de la quête et mourraient défigurés, ce méchant-ci disparaît simplement en hors champ. En plus de la nostalgie incessante, ce retrait de la violence était déjà craint au moment du rachat de Lucasfilm par le studio aux grandes oreilles.

En somme, James Mangold livre un film d’action qui se laisse regarder mais ne parvient jamais à retrouver l’âme de la licence. Alors que le cercle noir conclusif se ferme sur le chapeau de l’aventurier, on se demande si Disney compte réellement s’arrêter là ou s’ils ne vont pas plutôt nous pondre huit séries dérivées sur Disney+ et trois spin-offs centrés sur tout sauf l’essence de la saga. À l’image de son personnage qui souhaite rester dans le passé, Disney va devoir se rendre à l’évidence ; les remakes de leurs classiques d’animation, le MCU et les suites des licences de Lucasfilm et de la Twenty Century Fox représentent une manne financière gargantuesque mais le public commence à s’en lasser. Il est toujours bon de rappeler que les meilleures histoires ont une fin et que c’est en 1989, sur fond de soleil couchant du désert de Jordanie qu’aurait dû s’achever les aventures d’Indiana Jones.

Gwendal Ollivier