Élémentaire

pagi 6


Élémentaire
Réalisateur :
Peter Sohn
Pays d'origine :
US
Titre original :
Elemental
Durée :
1h41
Année :
2023
Date de sortie nationale :
21/06/2023
Genre :
AN,CO
Casting :
Synopsis :
Dans la ville d'Element City, le feu, l'eau, la terre et l'air vivent dans la plus parfaite harmonie. C'est ici que résident Flam, une jeune femme intrépide et vive d'esprit, au caractère bien trempé, et Flack, un garçon sentimental et amusant, plutôt suiveur dans l'âme. L'amitié qu'ils se portent remet en question les croyances de Flam sur le monde dans lequel ils vivent…
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sorti le 21/06/2023

À mi-chemin entre l'esthétique des personnages colorés d'Inside Out (Vice-Versa) et celle de la ville peuplée d’animaux de Zootopia, le nouveau Pixar renoue avec ce que le studio sait faire de mieux : un univers original, un scénario à double lecture, une animation irréprochable et des personnages forts qui provoquent rires et pleurs. Dans un univers où vivent des personnifications des quatre éléments, Ember Lumen, jeune fille du feu qui grandit dans l’espoir de reprendre le commerce de son père, fait la rencontre d’un garçon de l’eau nommé Wade. S’aventurant sur le terrain de la comédie romantique, le réalisateur Peter Sohn met en valeur la différence par la découverte et les apprentissages qu’elle induit.

Animés dans l’esthétique très réaliste habituelle du studio, les décors s’opposent aux personnages. Ainsi, la rivière qui menace le quartier d’Ember contraste complètement avec la matière de Wade bien plus lisse, transparente et réfléchissante. Sa peau aquatique permet aux animateurs de faire refléter ce que Wade regarde, donnant lieu à de magnifiques échanges où les paroles et les réactions sont visibles dans un même plan sur son visage. Encore plus contrastée, l'animation quasi 2D d’Ember et de ses pairs saute aux yeux mais se marie rapidement aux décors plus « réalistes ». Y compris dans les scènes intimistes, les corps des deux personnages ne s’arrêtent jamais de bouger, les flammes renouvelant sans cesse les traits d’Ember et l’eau s’échappant à l’infini de la houppette de Wade.

Après Finding Nemo, Finding Dory et WALL-E, Thomas Newman revient chez Pixar avec une nouvelle bande originale efficace. Fidèle à lui-même, ses sonorités mêlant instruments orchestraux et synthétiques nous bercent vers une immersion profonde et ses guitares acoustiques s’envolent en lyrisme. Poétique sur sa forme, le fond du film joint des sujets de société à la relation grandissante entre les deux narrateurs. Métaphore des immigrés, ceux du feu qui ont traversé l’océan pour gagner la grande ville se retrouvent entre eux dans un quartier isolé. Au contraire d’Ember, Wade habite dans les hauteurs aquatiques de cette ville pensée d’abord pour les plus aisés. Sans l’évoquer frontalement, la question du genre est aussi abordée au travers de ces personnages centraux. Ember est un modèle de femme forte mais remplie de colère et animée de doutes tandis que Wade est un modèle d’homme sensible qui sait motiver les foules mais fond en larme à la moindre histoire triste ou au moindre compliment, donnant lieu au meilleur running gag du métrage.

Construits en trois dimensions, ses deux personnages portent l’œuvre sur leurs épaules d’eau et de feu. Représentant un danger mortel l’un pour l’autre, leur relation se construit dans la découverte et dans le défi. Tout aussi émerveillé qu’eux, le spectateur explore ce monde bien particulier et regarde avec empathie ces personnages grandir et apprendre les valeurs élémentaires.

Gwendal Ollivier