The Flash


The Flash
Réalisateur :
Andy Muschietti
Pays d'origine :
US
Titre original :
The Flash
Durée :
2h35
Année :
2023
Date de sortie nationale :
14/06/2023
Genre :
AC,FA,SF
Casting :
Ezra Miller, Michael Keaton, Ben Affleck, Sasha Calle, Michael Shannon…
Synopsis :
Les réalités s'affrontent lorsque Barry se sert de ses super-pouvoirs pour remonter le temps et modifier son passé. Mais ses efforts pour sauver sa famille ne sont pas sans conséquences sur l'avenir, et Barry se retrouve pris au piège d'une réalité où le général Zod est de retour, menaçant d'anéantir la planète, et où les super-héros ont disparu. À moins que Barry ne réussisse à tirer de sa retraite un Batman bien changé et à venir en aide à un Kryptonien incarcéré, qui n'est pas forcément celui qu'il recherche. Barry s'engage alors dans une terrible course contre la montre pour protéger le monde dans lequel il est et retrouver le futur qu'il connaît. Mais son sacrifice ultime suffira-t-il à sauver l'univers ?
Filtres
Version
Format
image
confort
son
Version
Format
image
confort
son

sorti le 14/06/2023

Après une campagne de communication agressive à base de pubs de voiture, de train et de feu d’artifice, couplé aux louanges de Tom Cruise et Stephen King, le premier long métrage centré sur l’homme le plus rapide du monde nourrissait certaines attentes. Adaptation de l’excellent comics Flashpoint qui avait pour but de réécrire la réalité des comics pour repartir sur de nouvelles bases, le film passe à côté de cette ambition. Alors que James Gunn et Peter Safran ont pris la tête du DC Studios, ce film est l’une des dernières pierres à s’ajouter à la pyramide bancale formée par le DCEU et prétend faire le pont avec le DCU, nouvel univers qui débutera en 2025 avec Superman : Legacy.

Toujours endeuillé par le meurtre de sa mère et la condamnation à tort de son père, Barry Allen découvre son habilité à voyager dans le temps et s’empresse d’aller corriger son passé. Si le film conserve la trame du comics, toutes les libertés et les changements qu’il prend ont été complètement gâchés par les bandes annonces et même l’affiche qui révèlent tous les points cruciaux des péripéties ainsi que les retours importants de personnages. Ainsi Batman n’est plus le Thomas Wayne violent ayant perdu son fils du comics mais simplement le Bruce Wayne des films de Burton incarné par Michael Keaton et sa doublure numérique bien trop agile dans les scènes d’action. De même, Wonder Woman et Aquaman ne sont plus en guerre au beau milieu d’une Europe ravagée mais se contentent de faire des apparitions inutiles, l’une toute souriante avec son thème de guitare trop récurent et l’autre bien trop ivre en scène post-crédit, comme une étrange manière de nous rappeler que son deuxième volet sortira en décembre. En revanche, le changement de Superman à Supergirl est très bien opéré. Reprenant la silhouette anorexique et les valeurs antipatriotiques de son cousin dues à l’enfermement militaire depuis son arrivée sur terre, l’actrice Sasha Calle s’en sort à merveille dans le peu de temps d’écran qui lui est accordée.

Fidèle au réalisateur, Benjamin Wallfisch livre une bande originale peu mémorable dont on ne retient qu’un thème : celui du Batman de Burton. Composé par Danny Elfman, ce thème est sans cesse repris dès que Batman bouge le petit doigt ou que l’un de ses véhicules iconiques apparaît devant la caméra admirative de Mushietti. Ce souci entre dans le large problème posé par la nostalgie qui caractérise ce que Hollywood fait de pire avec le concept du multivers. N’atteignant pas la lourdeur et l’absence de logique de Spider-Man : No Way Home, Muschietti revient à la base du DCEU en remakant le climax de Man of Steel. Remplaçant l’envergure de Metropolis par un désert plat et gris, le réalisateur ne parvient pas à reproduire la puissance de la mise en scène de Zack Snyder qui filmait véritablement ses kryptoniens comme des dieux surpuissants.

Malgré des idées de mise en scène prouvant la créativité indéniable du réalisateur de la duologie It, les effets spéciaux trahissent l’ambition de Muschietti. Alors que Barry traverse la moitié du pays dans un plan séquence retranscrivant bien sa vitesse, le personnage aussi numérique que les décors qui défilent sous nos yeux ruine complètement cette bonne idée de mise en scène. S’aventurant plus d’une fois dans la Vallée de l’étrange (dissonance entre l’effet spécial qui ressemble de près à un humain mais dont la moindre différence nous saute aux yeux), la « baby shower » est aussi dérangeante que la reproduction des personnages au sein de la Speed Force.

Si on décèle dans certains détails le choix de placer l’histoire dans le Snyderverse plutôt que dans le canon officiel du DCEU, l’humour à la Whedon désamorce une situation iconique dès l’apparition du titre. D’abord présenté comme un jeune adulte socialement peu à l’aise, Barry murit subitement quand il se retrouve à former son variant qui, ayant grandi sans le traumatisme de la mort de sa mère, est bien plus insouciant et blagueur. À la limite du surjeu, Ezra Miller parvient tout de même habilement à créer deux identités différentes à ces deux versions de son personnage. Résumé autour d’un plat de spaghetti (qui évoque le détail clé du retour dans le temps de Barry), le multivers est expliqué de manière simple et visuel, reprenant le même principe que Spider-Man Across the Spider-Verse. Toutefois, les deux films tirent des morales opposées sur le sujet des canons, ces évènements terribles qui construisent les variants d’un personnage. En tant qu’anomalie, Miles Morales transgresse les règles malgré les mises en garde tandis que Barry doit au contraire apprendre à accepter cette règle fondamentale transmise par Bruce Wayne et qu’il doit lui-même transmettre à son variant : sans ses traumatismes passés Barry Allen ne serait jamais devenu le Flash.

Gwendal Ollivier