Spider-Man : Across The Spider-Verse

pagi 10


Spider-Man : Across The Spider-Verse
Réalisateur :
Joaquim Dos Santos, Kemp Powers et Justin Thompson
Pays d'origine :
US
Titre original :
Spider-Man : Across The Spider-Verse
Durée :
2h16
Année :
2023
Date de sortie nationale :
31/05/2023
Genre :
AC,AN,AV,FA
Casting :
Synopsis :
Après avoir retrouvé Gwen Stacy, Spider-Man, le sympathique héros originaire de Brooklyn, est catapulté à travers le Multivers, où il rencontre une équipe de Spider-Héros chargée d'en protéger l'existence. Mais lorsque les héros s'opposent sur la façon de gérer une nouvelle menace, Miles se retrouve confronté à eux et doit redéfinir ce que signifie être un héros afin de sauver les personnes qu'il aime le plus.
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sorti le 31/05/2023

Explosif, démesuré, intelligent, coloré, puissant, tous ces qualificatifs effleurent à peine l’envergure de la créativité de ce nouveau film d’animation sur l’homme-araignée. Alors que le premier volet sorti en 2018 faisait intervenir des Spider-Man d’autres univers dans celui de Miles Morales, les protagonistes voyagent cette fois-ci constamment entre les univers. Si Disney nous a habitué à la notion de multivers par son introduction plus que maladroite dans la nouvelle saga du MCU, Sony exploite ce concept avec finesse et s’en sert comme terrain de jeu pour laisser les artistes animateurs, compositeur, scénaristes et réalisateurs s’exprimer.

Déjà novatrice dans le premier film par son aspect de papier de comics, ses incrustations de bulles dans l’image et ses changements de couleurs dans l’arrière-plan, l’animation franchit un palier supplémentaire et met à terre toute la concurrence. Lassé de l’animation réaliste avec ses personnages aux têtes rondes et aux yeux globuleux de Disney et Pixar, les réalisateurs nous proposent différents styles d’animation propres à chaque univers. Ainsi, l’aquarelle vive de l’univers de Gwen Stacy se colore en fonction du ton d’un dialogue ou d’une ambiance et change de tonalité en suivant les émotions des personnages. La Spider-Society de l’univers 2099 prend quant à elle la forme d’un bâtiment immense imbriqué dans tous les sens comme une gigantesque toile d’araignée sur laquelle les Spider-Man se baladent sans se soucier de la gravité, tandis que la mégalopole de Mumbattan croule sous une patte crayonnée qui retranscrit parfaitement la surpopulation.

Dans la ligné de l’Oscarisé Everything Everywhere All at Once, la mise en scène du trio de réalisateurs Joaquim Dos Santos, Kemp Powers et Justin K. Thompson regorge d’énergie et fourmille de détails. En plus des couleurs vives qui distinguent les univers de ce multivers, le montage hyperactif délivre des quantités fulgurantes d’informations à la seconde mais sait aussi se poser dans les scènes plus intimistes. De même, sur la lignée du premier volet, Daniel Pemberton compose une bande originale qui accompagne l’énergie du métrage et lui donne d’autant plus d’identité par des thèmes marqués qui capturent avec brio l’essence de chaque univers. À l’encontre de la façon dont DC et le MCU traitent le multivers comme une excuse pour faire revenir tel ou tel acteur d’un ancien film, ce nouveau Spider-Man se sert du concept de multivers sur un plan plus philosophique. L’idée de variant infini d’un même individu questionne la notion d’identité mais aussi celle de destinée.

Unique défaut que l’on pourra reprocher au film, sa fin nous laisse sur une immense frustration, donnant l’impression d’avoir regardé uniquement la première partie d’un diptyque et non le deuxième opus d’une trilogie. Se basant tout de même sur le premier film, les enjeux prennent une ampleur démesurée, questionnant la psychologie des personnages mais aussi le déterminisme des héros. Le discours sur le schéma reproduit par chaque Spider-Man peut aussi être interprété comme une critique de l’uniformité des histoires super-héroïques souvent esclaves des mêmes points cruciaux de développement pour arriver aux mêmes fins. Et à l’image de sa trilogie, Miles Morales est la bombe qui vient dynamiter ce système, casser ses codes et l’emmener plus loin ; là où le public ne l’attendait pas mais se trouve épaté de l’y découvrir. Alors en attendant la conclusion de ce qui s’annonce déjà comme l’une des meilleures trilogies de super-héros, il ne reste plus qu’à nous replonger dans les aventures de Spider-Man à travers le Spider-Verse.

Gwendal Ollivier