Le Chat Potté 2 : la dernière quête
Mais quand il ne vous en reste qu'une, il faut savoir faire profil bas, se montrer prudent et demander de l'aide. C'est ainsi qu'il se tourne vers son ancienne partenaire et meilleure ennemie de toujours : l'ensorcelante Kitty Pattes De Velours.
Le Chat Potté et la belle Kitty vont être aidés dans leur quête, à leur corps bien défendant, par Perro, un corniaud errant et galleux à la langue bien pendue et d'une inaltérable bonne humeur. Ensemble ils tenteront de garder une longueur d'avance sur la redoutable Boucles D'Or et son gang des Trois Ours, véritable famille de mafieux, mais aussi sur Little Jack Horner devenu bien grand, ou encore sur le chasseur de primes le plus féroce du coin : Le Loup.
sorti le 07/12/2022
Quoi de mieux pour annoncer le retour de Shrek au cinéma que la sortie de la suite longuement mise de côté au spin-off centré sur le chat revêtant cape et épée. Heureusement, le film ne se contente pas d’être une bande d’annonce de 2h et développe une histoire plus mûre que le premier volet. Alors qu’il perd sa huitième et avant dernière vie, Potté est soudain tétanisé par la peur de la mort et enterre le héros téméraire et insouciant qu’il était pour se ranger dans une vie moins risquée. Sujet rarement abordé auprès du jeune public, le duo de réalisateurs détruit la légende pour reconstruire le simple être, vivant et heureux.
De Boucles D’Or et les Trois Ours à Jack Horner en passant par les gâteaux d’Alice et le tapis d’Aladdin, DreamWorks se réapproprie ouvertement les contes bien trop souvent associés à tort à Disney. Construisant l’histoire de Bouclette en parallèle de celle de Potté, les réalisateurs adaptent fidèlement le conte par des flashbacks mais le conduisent vers la morale principale du métrage : être entouré de ceux qu’on aime vaut plus que tous les vœux. Ainsi, en plus du retour de Kitty Pattes de velours, c’est avec un nouvel ami, d’un pathétisme assumé, que se lie notre héros botté. Emblème de la candeur et des réactions excessives face au drama, Perrito est à Potté ce qu’est l’Âne à Shrek. Ainsi, au lieu de construire l’attachement d’un personnage uniquement grâce à ces grandes pupilles constamment dilatées, DreamWorks développe une forme de sympathie par la naïveté de ce personnage dénué d’estime de lui, incapable de se rendre compte des horreurs qu’il a subies.
Vieille amie du cinéma depuis sa brillante application par Fritz Lang dans M en 1931, la synecdoque est utilisée pour caractériser chaque antagoniste. Aussi violets que son pouce, les vêtements de Jack Horner épousent sa carrure gigantesque. Le « Big » Jack se plaît à écraser tous les contes avec une lourdeur parfaitement maîtrisée par les auteurs. Personnifiée sous les traits du Loup, la mort suit Potté durant l’intégralité du métrage, ses deux faucilles représentant la menace ultime. En plus de sa carrure athlétique et de ses yeux rouges visibles dans le noir le plus profond, quelques notes sifflées précèdent chacune de ses apparitions.
Enfin, l’animation 3D assume un aspect dessin, à l’image d’œuvres audacieuses comme Spider-Man: Into the Spider-Verse, et affirme une véritable envie de DreamWorks de se démarquer une nouvelle fois de son concurrent direct. Visuellement très originale, l’animation épouse parfaitement le point de vue de Potté autant dans sa vitesse que dans sa précision. Sublimée par un effet de saccade (changement du nombre d’images par seconde) et des traits sur les lignes de fuite, cette immersion dans la vitesse rend les scènes d’actions impressionnantes. Après le très bon The Bad Guys en début d’année, DreamWorks signe une de ces œuvres les plus abouties, un dernier vœu inattendu qui confirme la renaissance du studio et celle du Chat Potté.
Gwendal Ollivier