sorti le 09/11/2022
Trentième film du Marvel Cinematic Universe et conclusion de la phase IV, le deuxième volet du superhéros ayant indéniablement impacté la vision de la communauté afro-américaine dans la culture populaire se fait malheureusement sans son acteur principal. Décédé d’un cancer en 2020, Chadwick Boseman manque cruellement dans un scénario clairement pensé pour son personnage mais surtout dans ce rôle si noble qu’il incarnait avec une aisance et un charisme naturel. Ayant perdu son Roi, le Wakanda ne s’appuie plus sur un superhéros mais cherche plutôt des protagonistes dans les figures féminines qui entourent le héros. De la petite sœur campée par une Letitia Wright bien moins charismatique que son aînée, à la mère assurant le rôle de reine sous les traits nobles d’Angela Bassett, sans oublier les nombreuses Dora Milaje menées par Okoye (Danai Gurira), ainsi que l’introduction d’Iron Heart (Dominique Thorne), les femmes sont les moteurs de ce scénario complexe.
Construit dans un premier temps comme un drame politique où le Wakanda est questionné par le reste du monde puis par une nation semblable mais toujours cachée, le métrage finit par retomber dans le cahier des charges plus classique du film de superhéros. Si dans le premier opus, l’inversement des positions de richesses des pays fonctionnait, le refus de la reine de s’ouvrir au monde sous prétexte que seuls les wakandais sauraient comment se servir justement du vibranium va totalement à l’encontre du message initial. Cela oblige donc les scénaristes à rendre l’antagoniste, Namor (Tenoch Huerta Mejía), plus méchant que nécessaire puisque, ses intérêts étant semblables à ceux du Wakanda, il se distingue des gentils par une envie injustifiée de détruire le monde.
Mêlant la trame initiale écrite avant la mort de l’acteur aux ajouts pour pallier sa perte, l’affrontement entre Talocan et le Wakanka se marie difficilement avec le deuil des protagonistes. Malgré une scène d’ouverture en plan séquence sur Shuri, incapable de sauver son frère, l’enterrement de celui-ci, puis un très bel hommage sur le générique du logo de production semblable à celui sur Stan Lee, la mort de T’Challa ne semble pas suffisamment affecter l’histoire. Sublime dans le premier volet, la mise en scène de Ryan Coogler est ici moins impressionnante. La richesse des coutumes, des décors, de l’architecture et des costumes, et la variété entre les différentes tribus du Wakanda contraste avec la simplicité de Talocan et de ses habitants. Optant pour une vision « réaliste », le réalisateur décide de filmer la ville dans l’obscurité naturelle de l’océan, sûrement pour simplifier le travail des équipes d’effets spéciaux, épuisées par le rythme toujours plus soutenu des productions Marvel.
Désormais bien implanté dans les oreilles du grand public avec son travail sur The Mandalorian et Creed, Ludwig Göransson, fidèle au réalisateur depuis son premier long métrage, revient pour une nouvelle bande originale remarquable. En dehors du retour des thèmes du premier film, principalement dans les moments d’hommage ou de caméo, le compositeur parvient à renouveler l’univers sonore si riche du Wakanda. À l’opposé, le peuple de Talocan est caractérisé musicalement par leurs attaques, ces chants de sirènes hypnotiques mêlant sons stridents et voix gutturales, mais la ville en elle-même manque d’une véritable identité musicale. À l’image de sa nouvelle héroïne principale, à cheval entre génie technologique et acceptation des traditions, Ludwig Göransson renouvelle son thème principal par un mélange entre ses percussions tribales et des synthétiseurs vibrants pour caractériser au mieux l’essence de cette nouvelle Black Panther.
Gwendal Ollivier