Arthur, malédiction

pagi 12


Arthur, malédiction
Réalisateur :
Luc Besson et Barthélémy Grossmann
Pays d'origine :
FR
Titre original :
Arthur, malédiction
Durée :
1h27
Année :
2022
Date de sortie nationale :
29/06/2022
Genre :
EP,HO
Casting :
Mathieu Berger, Thalia Besson, Lola Andreoni, Mikaël Halimi, Yann Mendy…
Synopsis :
Interdit aux moins de 12 ans avec avertissement

Alex est un fan des films Arthur et les Minimoys depuis qu'il est enfant. Pour son anniversaire, ses meilleurs amis lui font la surprise de l'emmener dans la maison abandonnée où le film a été tourné. Aucun d’eux ne se doute alors qu’ils se dirigent vers un piège machiavélique et mortel. Ce qui était autrefois un rêve d'enfant va bientôt se transformer en véritable cauchemar…
Filtres
Version
Format
image
confort
son
Version
Format
image
confort
son

sorti le 29/06/2022

Deux mois après une bande annonce sortie de nulle part, ce film à concept horrifique dans l’univers d’Arthur et les Minimoys débarque dans les salles. Si on peut lui reconnaître une certaine audace dans sa proposition initiale, un film d’horreur méta sur une saga pour enfant, le résultat n’est définitivement pas au rendez-vous. Produit et écrit par Luc Besson, papa de la trilogie des Minimoys, la réalisation est toutefois confiée à Barthélemy Grossmann. De l’écriture à la direction des acteurs, des mouvements de caméra aux choix de montage, la seule qualité du métrage est sa dimension nanardesque, car il parvient à produire involontairement le rire chez le spectateur.

Une bande de jeunes fans d’Arthur retrouve la réelle maison et décide de s’y rendre pour célébrer l’anniversaire du plus fan d’entre eux ; oui, Besson est persuadé que sa licence a une communauté de fans hardcore à l’instar de Star Wars ou même de ses propres films comme Léon ou Le Cinquième Élément. Après une interminable publicité pour l’intégralité des produits dérivés de l’univers d’Arthur et les Minimoys, notre groupe de jeunes ADULTES, regarde pour la énième fois la trilogie avant d’enfin se rendre sur le lieu de tournage et démarrer l’intrigue. Cette bande invraisemblable d’adolescents qui n’a pas du tout évolué en dix ans d’amitié, tombe dès son arrivée sur le bon cliché du vieux réac aux dents noirs, reclus dans sa maison avec ses chiens et des pieds découpés dans son jardin, et qui les prévient de rebrousser chemin.

À l’abandon depuis plus de 10 ans, la grande maison de campagne représente désormais un parfait décor pour installer une ambiance horrifique ; c’est pourquoi après une première visite émerveillée (où les personnages s’amusent à se faire peur pour offrir des jump scare gratuits au spectateur), la bande s’en va monter les tentes dans le jardin pour ne plus revenir à l’intérieur ! N’usant même pas du cliché du found foutage, le champ de blé, la forêt et les abords de la maison sont filmés avec des mouvements de caméra et un montage toujours dans l’excès, comme si le metteur en scène réalisait son court métrage de fin d’étude. L’omniprésence de la musique pour appuyer chaque émotion ne favorise pas non plus l’immersion : tandis que chaque micro seconde romantique est soulignée lourdement par de petites notes de piano, un style léger vient marquer la joie de l’aventure et de l’urbex, alors que des basses très attendues tentent en vain de créer un sentiment de tension quasiment toujours désamorcé par une blague.

Répercussion involontaire de cette mauvaise écriture, les morts façon slasher deviennent une libération jouissive pour le spectateur. Toutefois, après un build-up de trois quarts d’heure, les scènes horrifiques manquent cruellement d’intensité et ne sont ni effrayantes, ni esthétiquement intéressantes. Enthousiastes, les acteurs font au mieux pour incarner des clichés ambulants. Malgré toute la bonne volonté du casting, les personnages sonnent faux et réagissent bizarrement… mais qu’importe, à ce stade, le spectateur souhaite juste les voir se faire massacrer proprement.

Malheureusement, ce sang promis est gâché par l’arrivée bien hâtive de la résolution. Alors que les policiers débarquent classiquement pour mettre un terme au danger, l’un d’eux explique le comportement des agresseurs par la mauvaise influence des films. Ce discours sonne étrangement de la part de son auteur, pourtant fervent défenseur et travailleur du cinéma depuis quarante ans. L’art comme déclencheur de la violence est une morale à laquelle même les jeux vidéo ont enfin échappé, et pourtant, le métrage nous laisse perplexes face à cette question : la Malédiction éponyme n’est-elle finalement pas ce nouveau film Arthur ?

Gwendal Ollivier