Ogre


Ogre
Réalisateur :
Arnaud Malherbe
Pays d'origine :
FR,BE
Titre original :
Ogre
Durée :
1h43
Année :
2021
Date de sortie nationale :
20/04/2022
Genre :
DR,FA
Casting :
Ana Girardot, Giovanni Pucci, Samuel Jouy, Cannelle Helgey, Yannik Mazzilli…
Synopsis :
Avertissement : des scènes, des propos ou des images peuvent heurter la sensibilité des spectateurs.

Fuyant un passé douloureux, Chloé démarre une nouvelle vie d'institutrice dans le Morvan avec son fils Jules, 8 ans. Accueillie chaleureusement par les habitants du village, elle tombe sous le charme de Mathieu, un médecin charismatique et mystérieux. Mais de terribles événements perturbent la tranquillité des villageois : un enfant a disparu et une bête sauvage s'attaque au bétail. Jules est en alerte, il le sent, quelque chose rôde la nuit autour de la maison…
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sorti le 20/04/2022

Premier passage à la réalisation sur grand écran pour Arnaud Malherbe, ce long métrage fantastico-horrifique prend son temps pour nous immerger dans son atmosphère classique mais non moins efficace. Fuyant la ville suite à des violences conjugales, une mère et son fils arrivent dans un petit village de campagne, isolé du reste monde. Toujours aussi belle qu’authentique, Ana Girardot incarne cette professeure opiniâtre mais surtout la mère de Jules, très bien campé par le jeune Giovanni Pucci, enfant réservé et malentendant mis à l’écart par ses camarades à cause de son handicap. Évitant l’écueil du parent complètement fermé aux histoires fantastiques de son enfant, la mère semble croire son fils en dépit de la vérité des autres adultes.

Suffisamment rare dans le cinéma français pour être relevé, le son joue un rôle majeur à la fois dans l’identification aux personnages et dans la montée de l’angoisse. D’une part, l’assourdissement régulier de l’espace sonore permet d’adopter le point de vue de Jules lorsqu’il éteint ses appareils, tandis que la musique extradiégétique qu’écoute la mère se spatialise et devient intra au moment où elle retire son casque. D’autre part, le doublage des voix dans une scène de fête permet de retirer un à un tous les sons d’ambiance de la foule festoyant tout autour pour conserver dans l’espace sonore uniquement la voix masculine menaçante. Entre des cordes frottées bien plus contenues que dans certaines productions hollywoodiennes, et le chœur enfantin apportant une touche angoissante, la bande originale de Flemming Nordkrog pose une ambiance fidèle à ce travail sur le son.

Arborant une esthétique proche de la nature, le réalisateur et sa directrice de la photographie travaillent une lumière naturelle y compris en intérieur mais ne se privent tout de même pas d’esthétiser les scènes autour du lac par un découpage des arbres et des personnages en ombre chinoise sur le décor. Centraux au récit, les animaux apportent à la fois une dimension fantastique dans le rapport entre Jules et les oiseaux qu’il s’amuse à nourrir mais aussi une facette horrifique par l’image répulsive des chasseurs, achevant sans pitié un chien blessé ou brûlant et dégustant leur bétail avec un appétit bestial. Malgré un retournement inattendu en deuxième moitié de film, la fin manque quelque peu de tension et de puissance dans la confrontation plus fantastique qu’horrifique avec ce mangeur d’enfant caché dans les bois dont tout le village semble connaître l’identité mais n'ose pourtant pas mettre un terme à la terreur de l’ogre.

Gwendal Ollivier