sorti le 23/02/2022
Dans un monde où menacer quelqu’un avec un poireau est terrifiant et où oublier sa carte de fidélité en allant faire ses courses est un crime de la plus haute gravité, Fabrice va se transformer du jour au lendemain en fugitif après avoir lavé le mauvais pantalon. Des comédiens méprisés comme s’il était honteux de tourner dans des comédies, aux critiques de films dépeints dans un paraître faussement cultivé, en passant par les journalistes méprisant leurs téléspectateurs trop bêtes pour comprendre le moindre argument d’un débat et ne se fiant qu’aux mouvements corporels des intervenants, sans oublier les politiques, les bourgeois, et les enseignants, tous passent à la table du détournement, vidés de leur complexité pour être réduits à l’absurde.
La police, très présente dans la traque, en prend naturellement pour son grade entre le suivi aveugle de protocoles que les agents ne comprennent pas, l’inspection puis la reconstitution laborieuse des scènes de crime, ou encore l’ordre aberrant de poursuivre un véhicule orange alors que toutes les voitures de ce monde sont des Renault Capture de cette même couleur fécale ; à l’image du personnage de Fabcaro, auteur de la BD que le film adapte, dessinant un portrait robot juste pour le faire deviner à ses collègues, les représentants de cette institution sont là pour faire un travail digne des clichés d’un film policier et dont l’importance n’excède pas les envies de leur estomac.
Le réalisateur s’amuse aussi à laisser des indices visuels avec dès l’ouverture, un plan d’une machine à laver d’apparence anodin malgré sa symétrie impeccable, puis celui d’un œuf au plat tout aussi parfaitement composé et qui servira plus tard d’écho à la mise en abîme de l’acteur incarnant abusivement le rôle de Fabrice. Le code classique du générique défilant est quant à lui complètement contourné pour laisser place à un générique oral prolongeant le rire de manière bien plus agréable que les nombreuses comédies glissant des scénettes souvent plus gênantes que drôles à côté du générique défilant. François Désagnat nous propose d’embarquer pour un voyage loin de nos codes « rationnels », un départ en vacances où tout le monde chante Zaï Zaï Zaï Zaï ! Zaï Zaï Zaï Zaï.
Gwendal Ollivier