Scream 4

pagi 12


Scream 4
Réalisateur :
Wes Craven
Pays d'origine :
US
Titre original :
Durée :
1h50
Année :
2011
Date de sortie nationale :
Genre :
EP,HO
Casting :
Neve Campbell, David Arquette, Courteney Cox…
Synopsis :
10 ans se sont écoulés depuis les terribles meurtres commis par Ghostface. Sidney Prescott est parvenue à tourner la page mais c’est tout de même avec appréhension qu’elle retourne à Woodsboro pour le lancement de son premier roman. Ses retrouvailles avec sa cousine Jill ainsi qu’avec le duo de choc Dewey et Gale seront de courtes durées : Ghostface est de retour mais cette fois-ci les règles vont changer.
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par Karine Baudot

A l'heure où les "torture porn" et les documenteurs ont le vent en poupe, Scream 4 perpétue la tradition d'un cinéma d'horreur mainstream ravivant la saveur des films fantastiques des années 90. On avait presque oublié qu'il était possible de faire peur sans reprendre des procédés hérités du jeu vidéo ni tomber dans la surenchère crapoteuse. Après Scream 3, réalisé il y a dix ans, Wes Craven avait juré qu'on ne l'y reprendrait plus, espérant fréquenter d'autres territoires comme il l'avait fait entre Scream 2 et Scream 3 avec La musique de mon cœur. Ce retournement de veste ressemble à un aveu d'échec : il est devenu plus doué comme producteur (les remakes de La colline a des yeux et La dernière maison sur la gauche) que comme réalisateur (l'inédit My Soul to Take). Au lieu de confier la réalisation du quatrième volet à un faiseur qui aurait dilapidé la crédibilité de l'entreprise, il a préféré reprendre les armes en retrouvant la même équipe. Surprise : c'est une réussite. La force de Scream 4, c'est tout d'abord le scénario substantiel de Kevin Williamson qui maintient le suspense de l'enjeu (trouver l'identité du tueur parmi des suspects potentiels), la dimension parodique (la mise en abyme avec les Stab - dont un, hilarant, avec Kristen Bell et Anna Paquin) et la nostalgie presque touchante d'une saga entre son crépuscule et son renouveau. Avec son ironie corrosive, il autopsie les nouveaux codes du genre en revenant sur les récents succès, de Saw à Shaun of the dead - dont on voit un extrait - et n'aurait pas la même puissance sans la présence des vétérans (Neve Campbell, Courteney Cox et David Arquette) confrontés aux adolescents virtuels d'aujourd'hui, avides de reconnaissance sociale, qui réfléchissent et agissent plus vite qu'eux.

Inconsciemment ou non, les trois acteurs stars deviennent ce que sont devenus leurs personnages, eux aussi ravagés par le temps, amenés à reproduire les erreurs du passé ou à revivre des situations familières, que le spectateur connaît aussi bien - si ce n'est mieux - qu'eux. Ces icônes d'hier un peu fanées un peu momifiées n'en restent pas moins l'âme de cette tétralogie. On ne compte pas le nombre d'autocitations (Scream 4 peut être vu comme une parodie des trois premiers). Mais ce sentiment de déjà-vu, ressenti explicitement par Sydney Prescott, démontre à quel point aujourd'hui le premier Scream est devenu une référence copiée, digérée, référencée et surtout incomprise. En 1996, les adolescents récitaient des films d'horreur planqués dans les vidéoclubs et leur fascination était renforcée par leur envie de découvrir des univers de réalisateurs quitte à ne plus distinguer la réalité de la fiction. Quinze ans plus tard, c'est le cimetière des cinéphiles : le cynisme tant critiqué de Craven est passé du côté des adolescents qui n'ont besoin que de quelques clics sur Internet pour télécharger de mauvais remakes de films d'horreur. La fonction des rescapés (Campbell, Cox et Arquette), qui traversent le récit comme des fantômes et savent au fond d'eux que jouer avec le feu a des conséquences morales qui se payent toute une vie, c'est de rappeler que l'original est toujours supérieur à la copie.

Karine Baudot