Laisse-moi entrer


Laisse-moi entrer
Réalisateur :
Matt Reeves
Pays d'origine :
US
Titre original :
Durée :
1h52
Année :
2010
Date de sortie nationale :
Genre :
CD
Casting :
Kodi Smit-McPhee, Chloë Grace Moretz, Richard Jenkins…
Synopsis :
Abby, une mystérieuse fille de 12 ans, vient d'emménager dans l'appartement à côté de celui où vit Owen. Lui est marginal, il vit seul avec sa mère, et est constamment martyrisé par les garçons de sa classe. Dans son isolement, il s'attache à sa nouvelle voisine qu'il trouve si différente des autres personnes qu'il connaît. Alors que l'arrivée d'Abby dans le quartier coïncide avec une série de meurtres inexplicables et de disparitions mystérieuses, Owen comprend que l'innocente jeune fille est un vampire.
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par Benoît Meudec

Dix-huit mois à peine après sa sortie en salles, le superbe film suédois «Morse» devient «Laisse-moi entrer» pour son remake américain. Le cinéaste Matt Reeves en offre une version fidèle et satisfaisante.

Dans une ville perdue du Nouveau-Mexique, le jeune Owen (Kodi Smit-McPhee) est le souffre douleur de ses camarades de classe. Pour se sortir de son marasme, il se lie d'amitié avec sa nouvelle voisine Abby (Chloë Grace Moretz) qui ne sort que la nuit. Ces deux adolescents de 12 ans souffrent en silence et ils devront affronter leurs démons s'ils veulent laisser une chance à leur amour grandissant.

Petit retour dans le temps en 2008. Pendant que le public s'enflamme pour les aventures de «Twilight», le cinéphile averti et curieux se délecte de «Morse» de Thomas Alfredson, probablement le meilleur film de vampires des dernières décennies. Cette découverte qui a mis le feu aux poudres de plusieurs festivals, a reçu un accueil critique dithyrambique lors de son passage dans les salles. Malheureusement, il n'est pas resté plus d'une semaine sur nos écrans.

Ce succès n'est pas passé inaperçu à Hollywood où Matt Reeves (celui à qui l'on doit le pénible «Cloverfield») a été dépêché à faire une nouvelle version de ce long métrage qui s'inspirait des écrits de John Ajvide Lindqvist. Comme l'effort de Jim Sheridan sur le «Brothers» de Susanne Bier, la transposition demeure dans l'ensemble très fidèle à l'original. Les puissants thèmes développés sont les mêmes (la perte de l'innocence, la solitude propre à l'adolescence, le désir de vivre normalement malgré ses différences, etc.), tout comme le climat de poésie et de sensibilité qui découle des situations.

Étrangement tout ce qui a été rajouté tient difficilement la route. L'introduction qui joue avec la temporalité brûle trop rapidement une surprise malgré sa belle entrée en matière. Les clins d'œil à «Roméo et Juliette» semblent appuyés, tout comme ces réflexes de montrer plus de sang et d'exacerber les sentiments entre les deux personnages principaux. En changeant quelques moments d'action, Reeves parvient à créer un spectaculaire accident de voiture. Il ne tient pourtant pas son pari jusqu'au bout, sabordant une conclusion particulièrement précipité.

Mais, le réalisateur se reprend d'une belle façon grâce à sa mise en scène fignolée. Même s'il ne comporte pas d'aussi magnifiques images, ce nouveau projet soigne sa photographie, l'accompagnant d'une superbe partition musicale de Michael Giacchino qui s'inspire fortement de celle de «Seven». Tous les interprètes sont bien dirigés, et au sein d'une distribution talentueuse comportant Richard Jenkins et Elias Koteas émane Chloë Grace Moretz qui confirme sa grande prestance après «Kick-Ass», et Kodi Smit-McPhee qui fait oublier son jeu un peu trop larmoyant de «The Road».

L'histoire se trouve astucieusement transposé à la sauce américaine. Il garde l'essence de ce que nous avions déjà apprécié par le passé, la suprise de la découverte en moins. Les spectateurs qui en profiteront le plus seront indéniablement ceux qui découvrent le film. Pour les autres, il ne sert à rien de pester contre ce remake aussi réussi que vain.

Benoît Meudec