Carlos


Carlos
Réalisateur :
Olivier Assayas
Pays d'origine :
FR
Titre original :
Durée :
2h45
Année :
2010
Date de sortie nationale :
Genre :
BI,DR
Casting :
Édgar Ramírez, Alexander Scheer, Nora Von Waldstätten…
Synopsis :
Véritable mythe, Carlos est au cœur de l’histoire du terrorisme international des années 1970 et 1980, de l’activisme propalestinien à l’Armée rouge japonaise. A la fois figure de l’extrême gauche et mercenaire opportuniste à la solde des services secrets de puissances du Moyen-Orient, il a constitué sa propre organisation, basée de l’autre côté du rideau de fer, active durant les dernières années de la guerre froide. Le film est l’histoire d’un révolutionnaire internationaliste, manipulateur et manipulé, porté par les flux de l’histoire de son époque et de ses dérives. Nous le suivrons jusqu’au bout de son chemin, relégué au Soudan où la dictature islamiste, après l’avoir un temps couvert, l’a livré à la police française. Personnage contradictoire, aussi violent que l‘époque dont il est une incarnation, Carlos est aussi une énigme.
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par Karine Baudot

Cannes 2010. Quelques jours avant l’ouverture du festival, Carlos d’Olivier Assayas est retenu pour être projeté en sélection officielle. Tollé général, le réalisateur, produit par Canal plus et diffuser sur la chaîne à péage, aurait-il bénéficié d’une largesse de la part des sélectionneurs de la compétition officielle ? « Il semblerait » que ce ne soit pas le cas. Gilles Jacob aurait posé son véto sous couvert qu’une série n’a pas sa place à Cannes mais les partisans du film, avec à leur tête Thierry Fremeaux, plus nombreux, arguant d’un produit de commande réalisé comme un film de cinéma, auraient finalement gagné la partie. Carlos a donc franchit la croisette. Et pour ceux qui l’ont vu à la télévision ou qui le découvre aujourd’hui en salle, le biopic d’un des terroristes international le plus dangereux au monde possède effectivement le gout, la texture et l’emballage d’une œuvre cinématographique. Sans aucun doute !

Véritable mythe, Carlos est au cœur de l’histoire du terrorisme international des années 1970 et 1980, de l’activisme pro palestinien à l’Armée rouge japonaise. A la fois figure de l’extrême gauche et mercenaire opportuniste à la solde des services secrets de puissances du Moyen-Orient, il a constitué sa propre organisation, basée de l’autre côté du rideau de fer, active durant les dernières années de la guerre froide. Le film est l’histoire d’un révolutionnaire internationaliste, manipulateur et manipulé, porté par les flux de l’histoire de son époque et de ses dérives. Nous le suivrons jusqu’au bout de son chemin, relégué au Soudan où la dictature islamiste, après l’avoir un temps couvert, l’a livré à la police française. Personnage contradictoire, aussi violent que l‘époque dont il est une incarnation, Carlos est aussi une énigme.

De la jeunesse de Carlos (Ilich Ramírez Sánchez, de son vrai nom), figure de proue de l’extrême gauche et membre du front populaire de libération de la Palestine, à son arrestation au Soudan au début des années quatre-vingt dix où il exerce dans les services secrets, c’est un pan de l’histoire de la fin du 20 eme siècle qu’Olivier Assayas aborde.

Contrairement aux craintes émises lors de sa sélection cannoise de dernière minute, le réalisateur d’Irma Vep, Clean ou L’heure d’été, livre avec un biopic en forme de série de 5h30 puis de long-métrage de 2h45, une œuvre indépendante, personnelle et qui s’affranchir des impératifs de mise en scène du format audiovisuel. Davantage, on peut dire qu’il a injecté du cinéma dans la télévision et que Carlos restera le premier à avoir entrepris le chemin inverse de la salle au petit écran. Mais la si la démarche tient la route c’est que le récit de base présente les qualités pour captiver les (télé)spectateurs. A savoir la narration de la période où Carlos a revêtu son costume de terroriste. Point. Rien d’autre avant, ni après. Ainsi, Olivier Assayas évite de s’attacher à son personnage. Il livre froidement ses faits et gestes sans prendre partie (contrairement à ce que certaines mauvaises langues ont pu affirmer à la radio par exemple, sans avoir vu le film !) mais en traitant également ses aspects humains.

Carlos n’est pas un héros, pas question qu’il le devienne. Cependant, il incarne un vrai personnage de cinéma, pas spécialement sympathique mais au pouvoir cinégénique évident. Grâce à son interprète, Edgard Ramirez (vu dans CHE de Steven Soderberg) dont la silhouette animale épouse parfaitement celle du personnage entre jeune homme svelte et séduisant aux prises avec un idéalisme de gauche bien vite expié dans le sang et adulte au ventre grassouillet dont les services secrets saoudiens ne savent plus quoi faire. Olivier Assayas film l’acteur avec ses gimmicks habituels (lumières bleus et rouges, musique rock) mais l’amplitude du sujet comme des moyens lui permet de donner un rythme particulier et des cadrages précis à chaque époque de la vie de son personnage. Cependant, la version TV montrait davantage les aspects monstrueux du personnage, à quel point son idéalisme de jeunesse ne représentait qu’un leurre pour assouvir un désir de meurtres froids et implacables. L’été est là, mettez-le à l’heure de Carlos !

Karine Baudot