sorti le 16/06/2021
Plongez dans le quotidien électrique d’un médecin de nuit dans des quartiers parisiens, entre toxicomanes et retraités, amour et infidélité, famille et affaire. Mikaël s’occupe des patients anxieux aux heures tardives de la nuit mais aussi et surtout de ceux que la société tente d’effacer : les toxicomanes. Tiraillé entre sa femme et sa maîtresse et entraîné par son cousin pharmacien dans un dangereux trafic de Subutex, sa vie est un véritable chaos.
Resserrée sur une seule nuit, l’intrigue rend bien compte du sentiment d’alerte qui caractérise le quotidien de Mikaël. Fonçant tête baissée dans chaque nouvelle situation pour en trouver une solution à la fois humaine et morale, la pression de son cousin et de sa femme se retrouve catalysée dans ses pulsions sexuelles avec sa maîtresse, future femme de son cousin. En effet, tout comme son travail, cette relation instable agit comme une forme de vengeance inconsciente par rapport à toutes les magouilles dans lequel ce dernier l’implique mais démontre aussi le décalage avec son quotidien et sa femme qui ne supporte plus de le voir travailler ainsi. La nuit, chargée d’émotions et d’amour, révèle l’ampleur de la charge sentimentale qui pèse sur Mikaël et qui au même titre que son travail dans lequel il s’investit au maximum, finit par le détruire.
Dans cette troisième réalisation d’Élie Wajeman, la gestion des lumières, à la fois esthétiques et réalistes, rend compte d’une maîtrise et d’une recherche visuelle pour magnifier cette nuit interminable d’une douceur chaleureuse. Dès le générique, les couleurs du film sont posées : le fond bleuté nocturne teinté des nuances jaunes de la ville filant à toute allure ; une photographie autrement plus soignée que celle d’une quelconque comédie française au budget pourtant bien plus élevé… Soutenu par une bande originale principalement composée de cordes frottées vivifiant la tension et les doutes de Mikaël, le réalisateur met aussi en scène la musique comme un élément d’apaisement lors d’une visite chez une patiente qui lui joue un morceau de piano restant dans sa tête après son départ. Les quelques notes synthétiques et mystérieuses du thème principal ponctuent le film jusqu’à l’arrivée de l’aube refermant ce fragment de vie d’un médecin de nuit.
Gwendal Ollivier