Harry Potter et les Reliques de la mort - Partie 1

pagi 10


Harry Potter et les Reliques de la mort - Partie 1
Réalisateur :
David Yate
Pays d'origine :
US,GB
Titre original :
Harry Potter and the Deathly Hallows - Part 1
Durée :
2h25
Année :
2010
Date de sortie nationale :
24/11/2010
Genre :
DR,FA,AV
Casting :
Daniel Radcliffe, Rupert Grint, Emma Watson…
Synopsis :
Le pouvoir de Voldemort s'étend. Celui-ci contrôle maintenant le Ministère de la Magie et Poudlard. Harry, Ron et Hermione décident de terminer le travail commencé par Dumbledore, et de retrouver les derniers Horcruxes pour vaincre le Seigneur des Ténèbres. Mais il reste bien peu d'espoir aux trois sorciers, qui doivent réussir à tout prix.
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sorti le 24/11/2010

Noir c'est noir. Il n'y a plus vraiment d'espoir. Premier opus d'un dyptique annoncé comme très sombre, Harry Potter et les reliques de la mort est à l'image de ses pré-adultes apeurés devant porter le sort du monde sur leurs frêles épaules. Le long-métrage de David Yates, magnifié par la réussite des effets spéciaux, est traversé par une noirceur sans commune mesure avec le reste de la saga et une mélancolie qui sonne le glas des lendemains qui chantent. Harry et ses amis sont livrés à eux-mêmes dans des décors glacés, obligés de combattre le Mal en mode "seuls contre tous". A grande responsabilité, grand désespoir.

La vitesse d'éxécution de l'introduction laissera peut-être quelques spectateurs à distance. Il faut s'accrocher à son balai et se laisser balader par un premier combat aérien qui manque résolument d'ampleur et d'une partition originale à la hauteur. A ce propos, Alexandre Desplat s'éloigne de John Williams en ne proposant qu'une reprise brève du Hedwig's Theme. Vu la tournure des évènements, on ne peut pas lui en vouloir mais l'ombre du Maître et son absence sont toujours aussi frustrantes. Pourtant l'essentiel n'est pas là. Les alliés du sorcier, tous prêts à donner leur vie pour lui, le laisseront bientôt en compagnie de ses deux acolytes pour une échappée macabre où la solitude sera leur seul réconfort. Alors que la voix de Voldemort résonne au loin et précise sa menace...

Ce qui marque ce septième chapitre, c'est la désolation, la déshumanisation croissante qui s'y installe. De plaines désertiques en forêts inquiétantes, Harry, Hermione et Ron transplanent à travers des lieux vidés de toute vie. Ce trio romantique et magique est à la recherche des Horcruxes, artefacts détenant l'immortalité de "Celui dont on ne prononce pas le nom". Dans cette quête de survie où leur amitié sera mise à rude épreuve, ils forment un triangle ambivalent sur lequel l'Horcruxe impose son pouvoir négatif tel l'Anneau sacré de Tolkien. Il faut avouer que c'est Emma Watson qui ressort grandie de l'aventure. L'actrice a tendance à éclipser ses camarades de jeu avec le charme d'une jeune femme tout à la fois fragile, tourmentée et sûre d'elle. Ses scènes avec Rupert Grint sont parmi les plus réussies de l'entreprise.

Si les prouesses techniques viennent renforcer des moments de cinéma spectaculaires ou en forme de songe (l'infiltration au Ministère de la magie, le conte sur les reliques de la mort tel un dessin animé avec ces sculptures en fil de fer...), le tempo pâtit parfois d'un sous régime qui paraîtra longuet aux moins patients. A force de répéter plusieurs fois des séquences de dialogues moribondes, touchées quelquefois par quelques grâces humoristiques, Harry Potter et les reliques de la mort perd un peu de sa vitalité et casse sa propre cadence. Le film se vit en apesanteur, comme une introduction langoureuse à l'explosion démoniaque qui suivra. Il délivre des moments un peu lents dans sa rythmique et révèle de purs instants de poésie.

Le temps d'une danse tragi-comique sur la sublime chanson O Children engagée sur la voix de Nick Cave et de ses mauvaises graines, Harry Potter et les reliques de la mort agit comme un sursaut d'espérance. L'utilisation de cette chanson est symptomatique du virage réaliste pris par le sorcier. Bienvenue à l'enterrement de l'innocence de nos héros, à jamais perdus dans leurs souvenirs et redoutant un avenir sanglant. Fini Poudlard, bonjour Londres, filmée comme une cité urbaine asphyxiante où le danger est omniprésent. Le film de David Yates est une chasse implacable avec un héros devenu ennemi public numéro 1. Il n'y a plus de refuge, plus de pitié et que des amis lointains. Ne reste que la fuite qui nous amènera vers une issue forcément tragique, même si Harry, Hermione et Ron sont prêts a assumer leurs forces... Noir, c'est noir, très noir.

Avis aux parents, ce long métrage ne convient pas aux jeunes enfants.

Karine Baudot