Adieu les cons


Adieu les cons
Réalisateur :
Albert Dupontel
Pays d'origine :
FR
Titre original :
Adieu les con(finé)s
Durée :
1h27
Année :
2020
Date de sortie nationale :
21/10/2020
Genre :
CO
Casting :
Virginie Efira, Albert Dupontel, Nicolas Marié…
Synopsis :
7 César 2021 dont Meilleur film, Meilleur réalisateur, Meilleur acteur dans un second rôle, Meilleurs décors…

Lorsque Suze Trappet apprend à 43 ans qu’elle est sérieusement malade, elle décide de partir à la recherche de l'enfant qu’elle a été forcée d'abandonner quand elle avait 15 ans. Sa quête administrative va lui faire croiser JB, quinquagénaire en plein burn out, et M. Blin, archiviste aveugle d’un enthousiasme impressionnant. À eux trois, ils se lancent dans une quête aussi spectaculaire qu’improbable.
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sorti le 21/10/2020

Après l’adaptation du roman de Pierre Lemaitre, Dupontel revient avec Adieu les cons, une critique sociale jonglant avec l’absurde. Apprenant qu’elle est atteinte d’un cancer incurable, Suze décide de se lancer à la recherche du fils dont elle avait accouché sous X, 28 ans plus tôt, alors qu’elle n’était encore qu’adolescente. Assistant au suicide raté de JB, un ingénieur informatique extrêmement doué mais dépassé par l’envie de recrues plus jeunes de ses patrons, elle décide de prendre celui-ci en otage afin qu’il l’aide à retrouver son enfant.

Ce constat du changement trop rapide et de la quête de nouveauté et de renouvellement, poussant certains au suicide, est visuellement représenté par l’antinomie entre la description d’une rue par un aveugle et son état actuel. Filmé à travers la vitre d’une voiture, le visage de M. Blin décrivant ses souvenirs s’oppose à la fois brutalement et ironiquement au reflet de la rue, défigurée par l’industrialisation massive.

À l’instar de son contemporain, Jean-Pierre Jeunet, Albert Dupontel fait partie des réalisateurs français ayant de véritables idées de mise en scène. Reprenant un étalonnage très similaire au jaune prononcé marquant la filmographie de Jeunet, Dupontel nous livre un long métrage à la photographie léchée. Des plans très originaux comme celui sur un rétroviseur mêlant deux zones de net naturellement impossibles simultanément ou celui très impressionnant suivant Virginie Efira en travelling rotatif autour d’un escalier en colimaçon, démarquent le film du commun de la production actuelle par leur créativité visuelle.

Comme le dépeint le glaçant documentaire Un pays qui se tient sage, la facilité du recours à la violence par la police pose un véritable problème dans notre société. Dès l’ouverture, Dupontel tisse une métaphore entre le cancer et le fonctionnement imparfait de la police, introduisant immédiatement cette dernière comme l’antagoniste principal. En plus d’avoir des agissements parfois peu réfléchis, les conséquences désastreuses des violences policières sont incarnées par M. Blin, victime collatérale rendue aveugle par des tirs de LBD mal placés.

Malgré sa richesse esthétique, on peut toutefois reprocher au film d’avoir trop souvent recours à des facilités scénaristiques, allant d’un objet placé précisément au bon endroit, à des souvenirs refaisant surface au bon moment chez un amnésique, en passant par un accident de voiture ne laissant indemne que le protagoniste. Ces quelques facilités dans la quête de Suze et la fuite de JB sont souvent dissimulées sous un ton comique et contrastent avec la fin très forte qui conclue assez logiquement les parcours des deux personnages tout en appuyant clairement le message d’alerte que nous envoie Dupontel.

Gwendal Ollivier