sorti le 22/07/2020
Au cours d’un appel avec son fils de six ans, Elena réalise progressivement que celui-ci vient d’être abandonné par son père sur une plage française, loin de tout. Enchaînant les appels d’abord aux proches puis aux autorités locales, la tension monte progressivement alors que la mère déambule dans son appartement suivi de près par une caméra qui ne s’interrompt pas.
Ce plan séquence d’une quinzaine de minutes, tiré de son court-métrage homonyme sorti en 2017, agit comme un prologue à Madre, long métrage qui nous plonge dans le quotidien d’Elena, dix ans après la disparition tragique de son fils. Ayant emménagé sur la plage où s’est déroulé l’incident, elle fait la rencontre d’un jeune homme de 16 ans, âge qu’aurait eu son fils, et dont la ressemblance avec celui-ci la pousse à le suivre jusqu’à chez lui.
Ce jeune, dénommé Jean, se met soudain à fréquenter le bar de la plage auquel travaille Elena. Cherchant inlassablement à lui parler, une relation particulière s’installe entre ces deux êtres qui semblent avoir besoin l’un de l’autre. Cette interdépendance est parfaitement exprimée par le titre Jeunesse lève-toi de Saez que Jean fait écouter à Elena aux deux moments les plus forts de leur relation.
La longueur des prises ininterrompues sublime le jeu des deux acteurs ets installe une ambiguïté assez naturelle entre l’amour maternel pour un fils de substitution et l’amour fougueux d’un adolescent pour une femme plus mûre. Si cette situation ne paraît pas étrange voire malsaine, c’est bien parce que chacun des personnages a conscience des motivations de l’autre mais qu’ils profitent simplement du temps qui leur est permis de passer ensemble.
Gwendal Ollivier