sorti le 26/08/2020
Attendu comme le blockbuster américain allant ramener le public en salle, le nouveau film de Christopher Nolan est à la fois l’un des plus spectaculaires et en même temps l’un des plus froids de sa filmographie. Reproduisant le schéma visuel d’un James Bond dans la première moitié du métrage, le réalisateur multiplie les quêtes aux MacGuffins comme pour complexifier artificiellement son scénario avant d’en arriver à l’exploitation pure et dure de son nouveau concept.
Alors qu’Inception semble nous prendre par la main en nous expliquant clairement le fonctionnement et les règles de son univers, Tenet semble, au contraire, déterminer à perdre le spectateur par l’ajout d’une multitude d’intrigues s’enchaînant à une vitesse effrénée par le montage et les musiques. Le premier écueil est qu’il est difficile de saisir l’enjeu de chacune des missions avant d’en voir l’aboutissement. Le second, lié au premier, est le manque cruel de développement des personnages. On ne pourrait donner meilleur exemple que celui du personnage principal, qui se fait littéralement appelé par sa fonction scénaristique : le Protagoniste.
Pour en revenir à la comparaison avec Inception, Nolan y explique le fonctionnement des rêves et d’une inception par le biais d'une jeune architecte qui découvre cette technologie en même temps que le spectateur. De plus, le héros a une motivation personnelle (retrouver ses enfants) ainsi qu’une réelle évolution de personnage (parvenir à faire le deuil de sa femme). Ce sont ces éléments qui aident à comprendre la complexité de l’histoire et qui rendent humains les personnages d’Inception qui sont absents de Tenet.
Cette absence de développement des personnages était déjà un parti pris de son précédent film, Dunkirk, qui nous plongeait sur les plages de la ville française éponyme durant la Seconde Guerre mondiale, alors que les allemands poussaient les anglais à se replier sur la mer du Nord. Les personnages n’étaient volontairement que des coquilles vides, des sortes de réceptacles servant à faire ressentir au spectateur l’intensité de la guerre qu’elle soit terrestre, marine ou aérienne.
Du point de vue de la réalisation, ce long métrage est tout de même assez irréprochable. Dans sa grande tradition, Nolan tourne son film en pellicule et respecte sa règle du plus d’effets spéciaux pratiques possible. Après l’explosion de l’hôpital de The Dark Knight, c’est ici un véritable avion qui détruit une partie d’un aéroport. Ces effets pratiques se confondent bien entendu parfaitement aux effets spéciaux utilisés dans les plans mêlant des actions inversées à des actions dans le «bon sens».
Le sound design, mixé à la bande originale très prenante de Ludwig Göransson, immerge le spectateur dans le rythme effréné du film au point d’en donner des maux de têtes à plus d’un. En effet, si les musiques sont intenses et immersives, l’ensemble souffre tout de même de l’absence de thèmes mémorables qu’apporte habituellement Hans Zimmer aux films de Nolan.
Pour conclure, il est important d’aller découvrir ce film en salle afin de montrer à Warner Bros. qu’ils ont eu raison de placer leur confiance en l’œuvre de Christopher Nolan car toute œuvre cinématographique, et en particulier une aussi impressionnante autant sur le plan visuel que sonore, mérite une sortie sur grand écran.
Gwendal Ollivier