sorti le 26/02/2020
« Mes jours de gloire » est un titre qui, à l’image de son personnage principal Adrien, incarné par Vincent Lacoste, cache une grande tristesse derrière un sarcasme qui ne se dévoile que dans un second temps. C’est ce masque que Antoine de Bary fissure tout au long de son film en détruisant progressivement les mécanismes de défense que Adrien a construits pour cacher sa profonde dépression.
Lancé dans une vie active instable d’acteur dans laquelle il s’investit peu, Adrien évite ses problèmes administratifs et subit passivement les soucis financiers qui s’ensuivent. Ce déni des responsabilités le pousse à se replier sur lui-même et retourner vivre chez ses parents qui l’accueillent comme un adolescent égaré. Mais la surprotection inconsciente des parents qui n’envisagent même pas de parler de leurs propres problèmes à leur fils, infantilise complètement ce jeune adulte de 27 ans.
Sans s’en rendre compte, son attirance pour une lycéenne avec laquelle il commence à flirter prolonge cette infantilisation et ne fait que le renvoyer à ses tourments. Cette relation qui occupe une grande partie du métrage le conforte dans son insouciance mais lui rappelle constamment ses problèmes d’érection qui ruinent son moral.
La référence au roman de John Fante, My Dog Stupid, que Adrien lit dans plusieurs scènes alerte le spectateur sur la tournure symbolique, inattendue mais bienvenue, que va prendre le chien de la famille. Ce symbole intervient au moment où les mots se délient et où la parole de la mère vient libérer son fils du déni et de son discours du « rien n’a d’importance ».
Revisitant son court métrage L’enfance d’un chef, diffusé à Cannes en 2016, Antoine de Bary traite la dépression avec une justesse à souligner pour un premier long métrage. Vincent Lacoste retourne devant la caméra du réalisateur et livre une performance à la hauteur des tourments du personnage qu’il incarne.
Gwendal Ollivier