Sarajevo, novembre 92, sept mois après le début du siège. Le reporter de guerre Paul Marchand nous plonge dans les entrailles d’un conflit fratricide, sous le regard impassible de la communauté internationale. Entre son objectivité journalistique, le sentiment d’impuissance et un certain sens du devoir face à l’horreur, il devra prendre parti.
sorti le 27/11/2019
La guerre en ex-Yougoslavie est proche de nous, dans le temps et dans l'espace. Cette guerre a été couverte par tant de journalistes, nombreux se souviennent des duplex aux 20h. Mais bien souvent c'est tout ce dont on se rappelle. Qui sait encore qui se battait ? Qui étaient les "gentils" et les "méchants" ? Si certains journalistes ont construit leurs carrières sur ces événements, aucun n'aura eu un destin aussi intrinsèquement lié à cette période que Paul Marchand.
Journaliste, à moitié fou, à moitié mégalo, incarnation d'un renouveau du reportage, trop impliqué, suicidaire, grandiloquent, dandy... les qualificatifs manquent pour décrire cet homme, qui s’est suicidé en 2009.
Guillaume de Fontenay décide de suivre son personnage quelques mois après le début du conflit, alors que son sentiment d'impuissance grimpe. La notion d'objectivité en prend pour son grade. Car oui, il est anormal pour un reporter de participer au conflit, d'aider. (Et même s'ils sont nombreux à admettre avoir aider telle ou telle personne, notamment les locaux leur venant en aide, peu sont allés aussi loin que Paul Marchand). Alors on se questionne, qu'aurions-nous fait à sa place ?
L'homme est atypique, car on ne peut pas le trouver toujours sympathique. Pourtant on ne peut détacher les yeux, tant Niels Schneider incarne avec justesse le magnétisme qu’avait Paul Marchand. Ce qui n'aurait put être qu'une suite d'anecdotes (le refus de porter un gilet pare-balles par exemple) se transforme en aventure humaine fascinante.
Alors que les médias sont de plus en plus décriés, il semble que ce film, tourné comme un reportage apporte une opinion salutaire au débat.
Marc Flageul