Grâce à Dieu


Grâce à Dieu
Réalisateur :
François Ozon
Pays d'origine :
FR,BE
Titre original :
Durée :
2h17
Année :
2019
Date de sortie nationale :
Genre :
DR
Casting :
Melvil Poupaud, Denis Ménochet, Swann Arlaud…
Synopsis :
César 2020 du Meilleur acteur dans un second rôle
Grand Prix du Jury au Festival International du film de Berlin 2019


Alexandre vit à Lyon avec sa femme et ses enfants. Un jour, il découvre par hasard que le prêtre qui a abusé de lui aux scouts officie toujours auprès d’enfants. Il se lance alors dans un combat, très vite rejoint par François et Emmanuel, également victimes du prêtre, pour « libérer leur parole » sur ce qu’ils ont subi. Mais les répercussions et conséquences de ces aveux ne laisseront personne indemne.
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par Marc Flageul

La polémique a fait grand bruit, les débats étaient nombreux et passionnés. Mais aussi passionnant, un film a t'il le droit de s'immiscer dans une affaire en cours, surtout lorsque nombreuses sont les personnes à faire tout pour ralentir cette affaire. Si à l'heure de ces lignes les deux procès sont clos, les questions restent ouvertes.

Pourtant, il faut voir cette oeuvre, "Grâce à Dieu" est tout simplement magnifique. Mais il est difficile, face à un tel sujet de ne s'attacher qu'à l'objet, décortiquer la mise en scène, le jeu sans prendre en compte le message.

Trois hommes, trois victimes du père Preynat, vont se liguer et monter une association afin de faire connaître les agissements pédophiles de ce dernier, et tenter de montrer les efforts de sa hiérarchie afin de le couvrir. L'histoire est connue, sans doute pas assez tant les faits sont horribles.

François Ozon ne s'attache pas à une description monochrome de ces hommes. Il n'y a pas ici de portrait-robot type de la victime décalqué à l'envie. Les parcours sont différents, les réactions face à l'évolution de l'affaire aussi. Si d'un côté Swann Arlaud joue Emmanuel Thomassin qui semble perdu, Denis Ménochet campe François Debord qui semble exulter face au combat. Et c'est dans la perspective des 3 destins (avec celui d'Alexandre Guérin interprété par Melvil Poupaud) que se révèle le long métrage. Car le réalisateur a atteint une parfaite maîtrise du rythme, jouant sa partition, et la mettant en adéquation avec le tempérament des acteurs. Le scénario est lent, très lent dans sa première moitié : celle consacrée à Alexandre Guérin, et la mise en place de l'affaire. Melvil Poupaud et son phrasé s'adaptent parfaitement à ce tempo, lorsque Denis Ménochet arrive, la vitesse s'enclenche, avant d'accélérer comme la moto que conduit Swann Arlaud.

Si ces détails peuvent sembler anodins, il n'en est rien, ce déroulement nous place dans la peau des personnages, on voit le passage du temps, on ressent l'envie que cela se déclenche, comme eux face au silence de l’Église. Les crimes dénoncés parleront à tout le monde, on ne peut rester insensible à la souffrance des enfants, en nous montrant l'impact sur les adultes qu'ils sont devenus, et la force de ses personnages (car l'histoire est parfois romancée). Ozon se place encore une fois parmi les grands metteurs en scène français.

Marc Flageul