Vice

"Vice" s'intéresse à l'histoire vraie d'un homme, un homme pris dans le pouvoir, ou plutôt qui a pris le pouvoir. Dick Cheney était le vice-président sous Georges W. Bush. Mais c'était surtout lui qui tenait le pouvoir, tous les pouvoirs.

Christian Bale joue le PDG devenu homme politique, et l'acteur continue son chemin de caméléon. Il s'en sort à merveille et s’identifie parfaitement au personnage. Le casting est grand luxe, Adam McKay, le réalisateur, a repris une partie des acteurs de son précédent film "The Big Short". Rassurez-vous, contrairement à ce dernier, "Vice" est compréhensible.

Charge anti-républicains, facile de se faire à l'idée, en pleine période Trump, quand le tout Hollywood passe son temps à mener l’offensive contre le président orange. Le film est pourtant plus intéressant qu'une simple critique à peine voilée. Le parcours d'un homme de pouvoir, pas spécialement sympathique, est au centre. Mais c'est dans ce qui se passe en face de lui que l’oeuvre se compose. La facilité avec laquelle il gravit les échelons, et rafle tous les pouvoirs de son supérieur est surprenante.

La scène ou Bush grignote son barbecue en acceptant le discours de Cheney, relève presque de l'arnaque. Bush, est presque débile, et alors on peut s'empêcher de comparer cet échange avec ceux, d'un tout autre niveau, que le vice-président aura avec sa femme.

En s'attaquant à un sujet sensible, et récent, McKay avait tout pour imploser en vol, et on peut croire que les nominations aux Oscars puissent être un coup politique. Mais le biopic est malin, brillant et bien joué, et surtout il ne s'enfonce pas dans des méandres politiques alourdissant le propos.

Marc Flageul