par Marc Flageul
"Ma nuit chez Maud" date de 1969. C'est surtout le 4e des 6 contes moraux d'Eric Rohmer. Cinéaste à part s'il en est. Si l'homme débute sa carrière, comme beaucoup des cinéastes qui l'ont accompagné, par la critique, notamment pour Les cahiers du cinéma, il est le plus âgé de ce groupe que fut la Nouvelle Vague. Si les codes visuels ou moraux se retrouvent dans son travail, il sera souvent accusé de verbiage. Certains de ses films pouvant même apparaître pour de longs dialogues. Cinéaste décrié ou adulé, l'homme ne laisse pas indifférent. On peut même être en accord avec les 2 points de vues selon la période, voire même selon les films ou les sujets.
Cette oeuvre pourtant a le mérite d'avoir beaucoup de dialogues. L'histoire le veut : rencontre entre un ingénieur catholique et une femme libre et divorcée, une grande partie de l’histoire se passe autour d'une table ou la discussion voit passer de nombreux sujets : la religion, la morale, le mariage et la place des femmes.
A l'époque ces sujets avaient défrayé la chronique. Il faut dire que le personnage féminin, divorcé de surcroît, menait son combat tambour battant. Et c'est ce personnage qui fait tout le sel de ce long-métrage. Si Jean-Louis Trintignant s'y oppose, nul ne peut oublier la beauté sombre et sure de Françoise Fabian. Cette très grande dame du cinéma était alors à l'apogée de sa carrière, muse de la nouvelle vague et du cinéma d'auteur, il s'agit d'un de ses plus beaux rôles.
Marc Flageul