Guy


Guy
Réalisateur :
Alex Lutz
Pays d'origine :
FR
Titre original :
Durée :
1h41
Année :
2018
Date de sortie nationale :
Genre :
CD
Casting :
Alex Lutz, Tom Dingler, Pascale Arbillot…
Synopsis :
Gauthier, un jeune journaliste, apprend par sa mère qu'il serait le fils illégitime de Guy Jamet, un artiste de variété française ayant eu son heure de gloire entre les années 60 et 90. Celui-ci est justement en train de sortir un album de reprises et de faire une tournée. Gauthier décide de le suivre, caméra au poing, dans sa vie quotidienne et ses concerts de province, pour en faire un portrait documentaire.
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par Marc Flageul

Ce mockumentaire français est le petit bijou de la rentrée. Alex Lutz, comique français, prête ses traits à ce vieux beau. On savait déjà le comédien adepte de déguisement, ici l'effet est troublant : les rides, les tâches de vieillesse et même ces dents semblants mal assorties à cette bouche déformée, parce que l'on imagine un AVC passé.

Oui, le jeu d'acteur est bon, ces comédiens prenant la peau d'un autre... rien de nouveau. Et ce n'est d'ailleurs pas ici que le cinéphile trouvera son bonheur. Non, car le film n'est en aucun cas une vitrine pour Lutz, un de ces vaisseaux construits pour recevoir un quelconque prix. "Guy" est bien plus intelligent que ça. Il y a tout d'abord ce réalisateur, Gauthier, que l'on ne voie quasiment jamais (pour la bonne et bien simple raison qu'il se trouve derrière la caméra) mais qui cherche à nouer un contact avec celui qui est son géniteur. Si l'homme botte cette question en touche dans la première moitié du long-métrage, elle revient, en filigrane, parfois de manière plus prononcée, mais toujours avec une justesse et une distance malheureuse.

Car le personnage principal doit rester ce chanteur, ce père. Il y a de la tendresse pour ce vieux beau sur le retour. Il n'est pas colérique, mais il sait dire merde, il questionne, et se questionne avec justesse, ne se renie pas, admet les excès que l'on s'autorise à penser, glissant encore parfois une main sur celle de la programmatrice de la salle de fêtes locales, buvant un coup de trop. Il voit son âge, et semble l'accepter, comme si le meilleur était dans son passé, dans ses fausses images d'archives que l'on croirait sorti d'un show des Carpentier.

En jouant sur cette corde, l'humour vient surtout des situations. Pas trace ici de rire gras, voire de rire tout court pendant de longues séquences. Mais on ne peut s'empêcher d'éprouver de la sympathie, et même du bonheur à voir Guy Jamet remonter sur scène. On en fredonnerait presque ses ritournelles d'un autre temps, celui ou la variétoche avait porte ouverte dans les foyers. Une oeuvre sympathique qui ose dire qu'elle aime les ringards.

Marc Flageul