par Marc Flageul
La comédie à la française est un vaste domaine, trop vaste même pour en faire un genre aussi simple. En effet de "Playtime" de Tati à "Bernie" de Dupontel il y a un monde. Et pourtant il y a aussi une envie du rire de qualité. "Baby Phone" la comédie d'Olivier Casas se rapprocherait plus de "Cuisine et dépendances" ou "Le prénom". On y sent la touche théâtrale, vaudevillesque qui a fait le succès de ces deux comédies populaires.
Ben et Charlotte sont deux jeunes parents, dont le couple bat de l'aile. Lui est musicien mais ne voit pas sa carrière décoller. Elle a fait une bêtise, une très grosse bêtise. Vendredi soir, les amis et parents de Ben viennent diner pour entre autres faire la connaissance du bébé. Mais le baby phone est allumé, et les conversations déplacées et secrètes ne vont pas le rester.
Ici rien de nouveau, on retrouve tous les codes du genre : groupe d'amis qui cachent leurs problèmes et les petites rancunes, appartement parisien cossu, scène d'un quasi huis-clos. Tout s'effrite quand arrive l'élément déclencheur.
Rien de nouveau ? Même recette éculée ? Oui et pourtant c'est de ce postulat de départ qu'il faut faire sa route. Car l'intérêt n'est pas tant cette trame principale que ce qui en découle. C'est une comédie, la situation sert à provoquer le rire, et elle y arrive. Surtout grâce à ses personnages. Si eux aussi relèvent de l'archétype, ils n'en sont pas moins attachants, et sortent des clichés grâce à la justesse des acteurs. Pascal Demolon en pseudo-producteur jet-set gay et imbuvable tient le haut du panier. Mais il faut dire que le second rôle français ne déçoit jamais. Lannick Gautry en chirurgien nymphomane complète le duo d'amis troubles-fête.
Il faut chercher le plaisir où il nous est donné. Ici, le rire vient naturellement, et ne le boudons pas. Ce ne sera pas le film de l'année, nos mémoires l'auront perdu tôt ou tard, mais il faut aussi parfois que le cinéma ne soit qu'un divertissement plaisant... maîtrisé et plaisant.
Marc Flageul