Frantz


Frantz
Réalisateur :
François Ozon
Pays d'origine :
FR,AL
Titre original :
Durée :
1h53
Année :
2016
Date de sortie nationale :
Genre :
DR
Casting :
Paula Beer, Pierre Niney, Ernst Stötzner…
Synopsis :
Au lendemain de la guerre 14-18, dans une petite ville allemande, Anna se rend tous les jours sur la tombe de son fiancé, Frantz, mort sur le front en France. Mais ce jour-là, un jeune Français, Adrien, est venu se recueillir sur la tombe de son ami allemand. Cette présence à la suite de la défaite allemande va provoquer des réactions passionnelles dans la ville.
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par Marc Flageul

Le synopsis est sombre, l'époque à laquelle le tournage se déroule aussi. L'Allemagne est en deuil, elle a perdu beaucoup de ses enfants. François Ozon a choisi de situer la première partie de son film dans l'autre camp. Le camp des vaincus n'est pas l'objet filmique le plus beau, mais François Ozon sait garder la tenue nécessaire à l'évocation du deuil. Car la joie semble s'être absentée de cette partie du monde, et ne peut revenir qu'avec la venue du vainqueur. Pierre Niney ne vient pas en conquérant dans cette ville mais en pénitent. Le français cherchera à reconstruire quelques ponts entre les âmes dévastées par l'horreur de la guerre. Afin de rendre au mieux cet état d'esprit François Ozon immortalise les images en noir et blanc. De temps en temps la couleur intervient. Le procédé n'a rien de nouveau, il peut même sembler évident. Pourtant le réalisateur saura faire fructifier l'idée.

En effet, le deuil, la tristesse des vaincus est en noir et blanc, mais la poésie, la peinture, l'art en général se pare de couleurs. La colorisation est aussi le manteau des souvenirs... mais ces derniers sont-ils vrais? Car dès le début le bel Adrien, que campe Pierre Niney, semble conserver tant de non-dits en lui. Dès lors que devra t'on croire la couleur qui ravive, qui réveille la sensualité et apaise ou le noir et blanc, franc et froid. Le cinéma ce sont 24 mensonges par seconde, et le metteur en scène sait en jouer, il nous mène par le bout du nez. Ozon nous faire croire que nous avons trouvé une piste fiable, un schéma qui se répète mais peu à peu se tord et correspond à une nouvelle vérité, celle des personnages, non pas dans le temps, mais à un moment T.

Tout tourne autour de nos vérités, celles que nous donnons et celles que nous nous donnons. La figure du père est ici fondamentalement freudienne (un médecin germanique à barbe blanche, et qui paradoxalement au lieu d'avoir "tué le père" a perdu le fils). Et c'est au travers du rapport que les autres personnages entretiennent avec cette figure tutélaire que se feront et se déferont les destins.

"Frantz" est un magnifique film, sur les ravages de la guerre, sur les remords et la haine, mais avant tout sur ce que peut ou doit être la vérité.

Marc Flageul