par Marc Flageul
Ce scénario improbable, mais pourtant bien amené, tant par la réalisation que par le casting, c'est avant tout un fil conducteur pour les vannes. Attendez-vous à rire du début à la fin. Les dialogues sont ciselés et chaque personnage à son univers propre. D'ailleurs ceux qui ont vu "Casting", la série réalisée par Pierre Niney pour Canal+, retrouveront les acteurs. François Civil joue ainsi Timothée, l'ami un peu lourdingue, voire carrément vulgaire, mais à qui l'on pardonne tout. Il sera l'un des moteurs des différentes péripéties. Igor Gotesman et Idrissa Hanrot sont les deux amis en retrait, les clowns blancs. Leurs rôles servent avant tout à mettre en valeur leurs copains, dont Margot Bancilhon la seule fille de la bande. Fille mais pas féminine, c'est un personnage dont l'énervement est source de rire. Mais le maître de cérémonie reste avant tout Pierre Niney. Nul besoin de revenir sur le talent du jeune homme, on le sait déjà génial dans tous types de rôles. Et ici, il ne déçoit pas. Qu'il drague Lucie Boujenah (une de ses camarades de cours de comédie) de manière ridicule butant sur les mots et les quiproquos ou qu'il tente de s'adapter aux codes des cités, vous allez succomber devant son talent.
Oui "Five" repose énormément sur son casting, y compris les seconds rôles (Pascal Demolon, Bruno Lochet mais aussi Fanny Ardant en roues libres). Pourtant Igor Gotesman sait tirer son épingle du jeu derrière la caméra. Cette première oeuvre est parfaitement maîtrisée. Le jeune homme de 27 ans se lance même dans des plans assez expérimentaux, comme lorsque la caméra suit les chemins et non ceux qui les empruntent. Cette comédie est truffée de référence, "Le péril jeune" et "L'auberge espagnole" pour la France, les films de Jude Apatow à l'international.
"Five" c'est aussi un très beau film sur l'amitié, à un âge auquel nos amis comptent parfois plus que la famille. C'est une histoire belle, parfois un peu dure. C'est aussi la plongée dans le mental d'une personne qui ne veut jamais laisser tomber. Samuel, notre héros s'enfonce dans ses mensonges et c'est sans doute l'un des points forts de ce long-métrage. Pierre Niney n'y campe pas un personnage en deux dimensions, mais un être plombé par ses contradictions... mais chut à vous d'en découvrir un peu plus.
Il y a tout réuni ici pour faire de "Five" l'une de ces comédies générationnelles, ces films que l'on connaît par coeur dans sa bande d'amis. Et c'est tout ce qu'on lui souhaite.
Marc Flageul