Comment c’est loin


Comment c’est loin
Réalisateur :
Orelsan et Christophe Offenstein
Pays d'origine :
FR
Titre original :
Durée :
1h30
Année :
2015
Date de sortie nationale :
Genre :
CO,MU
Casting :
Orelsan, Gringe, Seydou Doucouré…
Synopsis :
Après une dizaine d’années de non-productivité, Orel et Gringe, la trentaine, galèrent à écrire leur premier album de rap. Leurs textes, truffés de blagues de mauvais goût et de références alambiquées, évoquent leur quotidien dans une ville moyenne de province. Le problème : impossible de terminer une chanson. À l’issue d’une séance houleuse avec leurs producteurs, ils sont au pied du mur : ils ont 24h pour sortir une chanson digne de ce nom. Leurs vieux démons, la peur de l’échec, la procrastination, les potes envahissants, les problèmes de couple, etc. viendront se mettre en travers de leur chemin.
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par Coraline Lafon

Extention cinématographique de l'album concept "Orelsan et Gringe sont les Casseurs Flowteurs", ce film raconte les prequels du succès des deux rappeurs.

Contre toute attente, le long-métrage est une vraie réussite. Orelsan et Gringe, qui avaient déjà su se mettre en scène dans leurs clips mais également dans leur petite websérie intitulée "Bloqués", passent très bien à l'écran et leurs interprétations accentuent le réalisme touchant du scénario. Réalisme renforcé également par le casting, constitué majoritairement d'amis d'enfance d'Orelsan, pour la plupart amateurs. Le jeu d'acteur est fluide et convaincant et on apprécie d'autant plus le second degré quand on sait que les comédiens interprètent en fait leur propre rôle.

Niveau réalisation, fort est de constater qu'Orelsan, épaulé par Christophe Offenstein et Stéphanie Murat, a vraiment réussi à construire un film cohérent, avec en plus tout un tas de bonnes idées, comme la scène de l'abribus par exemple. Toutes ces bonnes idées sont rythmées par une excellente gestion du son et une très bonne bande originale, écrite et chantée par la team des Casseurs Flowteurs (nom qui fait d'ailleurs référence à un classique du cinéma !). Un autre point positif, Orelsan n'a pas essayé dans son oeuvre de se donner le beau rôle : pas d'auto satisfaction égocentrique ou de clichés sur le succès, il nous entraîne au contraire dans une journée lambda où se cumulent échecs, faiblesses et procrastinations, le tout avec beaucoup d'esprit et d'autodérision. Les fans seront également content de découvrir un peu, par vagues, leur processus de création, plutôt atypique. Bref, on suit en tout cas volontiers les deux comparses tout au long de ces 24 heures ordinaires mais qui pourtant nous entraînent dans tout un tas de réflexions sur nous même.

Très bien dosé entre humour, émotions et questions existentielles, "Comment c'est loin" est habilement mené puisqu'il fait rire autant que réfléchir. Car comme Orelsan ou Gringe, nous avons tous connu cette sensation désagréable de ne pas réussir à finir quelque chose, nous avons tous un jour remis au lendemain ce qu'on pouvait faire le jour même, nous avons tous un peu peur de ne pas réussir à aller au bout de nos rêves. Quand on ressort de la salle, certains passages du film ou quelques punchlines de la bande son raisonnent encore dans nos têtes : "La médiocrité commence là où les passions meurent", "Si on écoute les gens qui dorment, les rêves n'arrivent jamais", "Si on ne renonce à rien, on ne choisit pas." Bref, l'oeuvre est stimulante et on ressort en se disant que rien n'est impossible.

Si le film est peut-être très générationnel et que les salles seront sans doute remplies majoritairement par les amateurs du duo, on vous invite quand même à aller y jeter un coup d'oeil, ne serait-ce que pour découvrir l'univers d'Orelsan, rythmé par un flow énergique et des jeux de mots piquants.

Coraline Lafon