L'Homme irrationnel


L'Homme irrationnel
Réalisateur :
Woody Allen
Pays d'origine :
US
Titre original :
Durée :
1h36
Année :
2015
Date de sortie nationale :
Genre :
DR,TH,RO
Casting :
Joaquin Phoenix, Emma Stone, Parker Posey…
Synopsis :
Professeur de philosophie, Abe Lucas est un homme dévasté sur le plan affectif, qui a perdu toute joie de vivre. Il a le sentiment que quoi qu’il ait entrepris - militantisme politique ou enseignement - n’a servi à rien.Peu de temps après son arrivée dans l’université d’une petite ville, Abe entame deux liaisons. D’abord, avec Rita Richards, collègue en manque de compagnie qui compte sur lui pour lui faire oublier son mariage désastreux. Ensuite, avec Jill Pollard, sa meilleure étudiante, qui devient aussi sa meilleure amie. Si Jill est amoureuse de son petit copain Roy, elle trouve irrésistibles le tempérament torturé et fantasque d’Abe, comme son passé exotique. Et tandis que les troubles psychologiques de ce dernier s’intensifient, Jill est de plus en plus fascinée par lui. Mais quand elle commence à lui témoigner ses sentiments, il la rejette. C’est alors que le hasard le plus total bouscule le destin de nos personnages dès lors qu’Abe et Jill surprennent la conversation d’un étranger et s’y intéressent tout particulièrement. Après avoir pris une décision cruciale, Abe est de nouveau à même de jouir pleinement de la vie. Mais ce choix déclenche une série d’événements qui le marqueront, lui, Jill et Rita à tout jamais.
Filtres
Version
Format
image
confort
son
Version
Format
image
confort
son

par Coraline Lafon

Voix narratrices, images lumineuses, notes de jazz et questions existentielles : pas de doute, "L'homme irrationnel" est bien un film signé Woody Allen. Et quel film. La situation initiale a des airs de "A Single Man", le film de Tom Ford sorti en 2009. Pour résumer : un professeur quarantenaire au bout du rouleau, un jeune étudiant plein de vie et la rencontre boulversante entre les deux. Au début de "L'Homme Irrationnel", on s'attend donc à un scénario assez cliché et déjà vu, impliquant une relation prof / élève salvatrice. Mais que nenni. Au lieu de ça, Allen nous offre, sur fond de comédie philosophique, un stimulant thriller. Une excellente surprise qui, à l'instar de "Blue Jasmine" sorti en 2013, permet d'oublier les petites romances sympathiques mais rébarbatives que le réalisateur a sorti ces dernières années.

Une fois la charpente de l'histoire posée, Woody Allen s'amuse donc à tout détruire pour nous emmener dans une direction inattendue. L'élément déclencheur n'est pas celui auquel on s'attendait : le professeur blasé retrouve goût à la vie, non pas grâce à l'amour mais bien grâce à l'exaltante perspective de commettre un crime parfait, au nom de la justice. Au fur et à mesure de l'intrigue, on se retrouve donc malgré nous complices, parfois amusés, parfois angoissés, d'un meurtre qui nous paraît presque logique puisque les voix off des protagonistes permettent de suivre le raisonnement depuis le début. Et en plus de poser des questions particulièrement intéressantes sur le hasard, le libre arbitre et la possibilité d'agir, "L'Homme Irrationel" est très bien maîtrisé : chaque détail sert la suite des péripéties, à chaque fois de façon surprenante.

Pour ne rien gâcher, le casting est à la hauteur de l'oeuvre. Après nous avoir bluffé dans "Birdman", Emma Stone, nouvelle muse de Woody Allen, signe sa deuxième collaboration avec le réalisateur. Et ce n'est pas pour nous déplaire : la jeune femme est hypnotisante, particulièrement dans la scène où Abe dévoile son secret à Jill. À ses côtés, un Joaquin Phoenix très convaincant dans le rôle de cet homme irrationnel. Il faut dire qu'après "Two Lovers", "The Master" ou "Her" il est habitué à jouer ce genre de personnage résigné.

Vous l'aurez compris, on ressort de la salle surprit et conquit par la fraîcheur et l'intensité de "L'Homme Irrationnel". À la fois philosophique, sombre et drôle, le dernier long-métrage d'un des réalisateurs les plus prolifiques du monde est à ne surtout pas manquer.

Coraline Lafon