par Coraline Lafon
Basé sur une histoire vraie qui n'a pas laissé la sphère artistique indifférente, "Big Eyes" raconte comment Walter Keane s'est, pendant des années, attribué le mérite du talent de son épouse, Margaret Keane. En plus d'être un bel hommage à la véritable artiste (en grand admirateur, Burton possède une belle collection de "Big Eyes" chez lui), le long-métrage célèbre aussi la femme et son émancipation. Durant les 107 minutes de projection, on assiste à l'évolution d'une Margaret Keane qui passe du statut de femme déconsidérée, manipulée et soumise au statut de femme indépendante, revendicatrice et sûre d'elle même. Même si la fin est connue et attendue, on apprécie le fait que justice soit rendue et que l'artiste récupère ses droits et sa notoriété usurpée.
C'est seulement la seconde fois de sa carrière que Tim Burton s'attaque à l'adaptation cinématographique d'une histoire vraie. Et c'est plutôt réussi : bien loin des oeuvres habituelles du "maître du fantastique", "Big Eyes" se pose comme étant un film bien ancré dans la réalité (seuls les yeux atypiques des tableaux de Keane donnent un petit côté surnaturel à l'histoire). De plus, pas de Johnny Deep (son acteur fétiche) ni de Héléna Bonham Carter (son ex-femme) au casting et on apprécie que Burton sorte un peu de sa zone de confort. D'autant plus qu'à la place, le réalisateur a fait le choix (judicieux) de diriger pour la première fois Amy Adams et Christopher Waltz.
Et le résultat est convaincant. Alors que Adams a été repérée dans des long-métrages tels que "Il était une fois", "American Bluff", "Man of Steel" ou encore "Her" ces dernières années, Christopher Waltz nous a littéralement bluffé dans les dernières productions de Tarentino en interprétant brillement un colonnel nazi dans "Unglorious Bastard" puis un chasseur de prime abolitionniste dans l'excellent "Django Unchained". Bref, deux acteurs qu'on ne s'attendait pas à retrouver dans un film de Burton et qui pourtant s'incorporent parfaitement aux décors.
Même si "Big Eyes" n'est certainement pas le film de l'année, nous vous conseillons vivement d'aller le voir, ne serait-ce que pour redécouvrir une des multiples facettes du réalisateur américain qu'on connaît surtout pour ses oeuvres au style gothique et surréaliste. Au delà du fait que c'est un plaisir de regarder un film signé Burton sans avoir à supporter les fatiguantes simagrés d'un Johnny Deep hyperactif, l'histoire du couple Keane vaut le coup d'être connue. Bonne séance !
Coraline Lafon